Comme sur tous les sujets, il y a une prime à la radicalité. Le débat se noue autour de celui qui crie le plus fort. Deux exemples soutiennent cette perception : Tarik Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, et Mohamed Bajrafil, qui était imam de la mosquée d'Ivry, qui a démissionné à force d'être attaqué, ont tous deux un contrat de Daesh sur leur tête. Tarik Oubrou ne cache pas son parcours complexe, puisqu'il était salafiste à l'origine et qu'il appartenait aux Frères musulmans. Il accomplit aujourd'hui un travail de réforme, mais de nombreuses personnes ne veulent pas l'entendre, parce qu'ils se fondent sur son parcours. Un prédicateur, un imam, est ce qu'il dit. On peut contester ce qu'il dit, mais il faut l'écouter, et non se focaliser sur la position qu'il exprimait il y a trente ans. De nombreux intellectuels étaient maoïstes il y a trente ans et n'étaient pas de fervents défenseurs du modèle républicain. Ces musulmans ont droit de changer. Ce n'est pas parce que tel ou tel a participé à un événement avec quelqu'un que l'on peut rattacher à la sphère islamiste qu'il est lui-même islamiste. Un tel amalgame relève du maccarthysme. Il convient de laisser de la place à ceux qui essaient de construire, et pas toujours à ceux qui veulent détruire, que l'on trouve dans tous les camps. Je parle de ceux qui haïssent l'islam et des islamistes. C'est un sujet absolument essentiel dans la structuration du débat public et des réseaux sociaux, parce que la visibilité sur les réseaux sociaux est fondamentale.