Intervention de Hakim El Karoui

Réunion du mercredi 13 janvier 2021 à 17h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la république

Hakim El Karoui :

Mon dernier message s'adresse au CFCM. Je suis exigeant avec lui, parce qu'il existe depuis dix‑sept ans, mais n'a pas fait assez. Les dirigeants ont néanmoins changé. Il y a eu des conflits, mais aussi des bonnes volontés. Je constate également une prise de conscience de l'urgence d'agir. Les dirigeants ont compris qu'ils ne pouvaient pas rester dans leur pré carré institutionnel, loin de la population. Je salue les efforts du président Moussaoui et du recteur de la Grande Mosquée de Paris. Vous avez un rôle politique, pour casser les silos institutionnels, entre les musulmans, entre l'État et la société civile musulmane.

Nous parlions du rôle des associations. Pourquoi les associations musulmanes prospèrent‑elles ? Elles prospèrent parce qu'il n'y a plus d'associations laïques dans les quartiers populaires, parce qu'il n'y a plus l'Église catholique, parce qu'il n'y a plus le Parti communiste. Il y a maintenant les organisations islamistes, qui sont en réseau et ne sont pas hiérarchisées. L'État et les collectivités locales doivent traiter avec de nouveaux acteurs, qui seront des musulmans laïques.

Je conclurai néanmoins mon propos par un message positif. Je constate que la nouvelle génération est bien mieux formée qu'avant et plus consciente de ses responsabilités citoyennes. Or une insertion sereine et paisible de l'islam dans la République est une responsabilité citoyenne. Je vois cette génération qui monte. Je vous le demande collectivement : aidez-la. Aidez-la à prendre la parole, aidez ses initiatives, acceptez une forme d'imperfection. Acceptez que les religieux aient évolué. Ne jetez pas l'anathème. Je pense que la clé du succès réside chez ces musulmans républicains et modérés. Il faut les encourager à s'engager. L'État ne peut pas tout dans ce domaine, comme dans d'autres, et particulièrement dans ce domaine aux frontières du religieux et du politique. Si les jeunes ne perçoivent qu'on peut être Français et musulman, s'ils n'entendent pas un autre discours sur la République et sur l'islam, s'ils n'ont pas accès à des organisations transparentes, que méritent les musulmans en France, le risque va s'amplifier.

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