. Merci M. le président. Merci M. Peña- Ruiz. Je dois vous dire mon émotion à l'écoute de vos propos. Votre audition restera comme une grande audition de cette commission spéciale parce que vous avez abordé beaucoup de sujets de fond, vous avez cité Voltaire, Montesquieu et l'Amour des lois, Jean Jaurès et la République sociale, Louis Aragon et la Rose et le réséda.
Certains disent que le présent projet de loi serait inutile, car il n'y aurait pas d'atteinte à la République en France. D'autres pensent au contraire qu'il est liberticide. La vérité est sûrement entre les deux. Ce projet de loi répond à des difficultés auxquelles il est indispensable et urgent d'apporter une réponse.
Comme le disait Lacordaire, « entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et c'est la loi qui protège ». C'est bien la mission de la représentation nationale, au nom de sa légitimité démocratique, et non celle du juge, de forger la loi.
Vous êtes bien placé pour savoir que la loi peut apaiser. Je fais référence à votre rôle dans la commission Stasi qui a conduit à la loi du 15 mars 2004, après 15 ans de flou suite à l'avis du Conseil d'État de 1989. Que n'avons-nous pas entendu à propos de cette loi ! Loin de n'être qu'une loi d'interdiction, elle était aussi et surtout une loi de dialogue. Cette loi a justement permis d'apaiser. Elle est globalement bien comprise, bien acceptée et bien respectée. Pourtant, le combat était loin d'être gagné.
Dans le débat sur la laïcité scolaire, deux courants s'opposent : ceux qui envisagent l'école comme un service public comme un autre et ceux qui font de l'école « un asile dans lequel les querelles d'hommes n'entrent pas » pour reprendre une formule de Jean Zay. Certains auteurs évoquent un dualisme de la laïcité en ce sens qu'elle est liée à la fois à la République et à l'école de la République.
Je souhaiterais, M. Henri Peña-Ruiz, savoir ce que vous pensez de la laïcité. A-t-elle un rôle encore plus important à tenir au sein de l'école ? Pensez-vous que ce projet de loi est exhaustif ou qu'il comporte des manques (peut-être sur les sujets que je viens d'aborder) ?
Je voudrais, s'il me reste encore quelques secondes, citer cela : « Et quand vient l'aube cruelle - Passent de vie à trépas - Celui qui croyait au ciel - Celui qui n'y croyait pas - Répétant le nom de celle - Qu'aucun des deux ne trompa - Et leur sang rouge ruisselle - Même couleur même éclat - Celui qui croyait au ciel - Celui qui n'y croyait pas - Il coule il coule il se mêle - À la terre qu'il aima - Pour qu'à la saison nouvelle - Mûrisse un raisin muscat ».
C'est cela la République. Je vous remercie.