Monsieur Rougier, votre thème de recherche concerne essentiellement l'infiltration des milieux islamistes dans les quartiers ; vous avez publié à ce propos deux ouvrages, Les Territoires conquis de l'islamisme, paru il y a un an en écho aux Territoires perdus de la République paru en 2002. L'écart de temps entre ces deux parutions démontre que la tendance actuelle n'est pas bonne. J'imagine qu'il y a là un symbole. Vous y démontrez comment ces réseaux se sont installés, comment le retrait des services publics a laissé des réseaux d'inspiration salafiste prendre le contrôle de ces quartiers au travers d'actions culturelles, sociales, mais aussi de l'occupation des lieux qui permettent aux gens de se rencontrer et qui imprègnent donc l'ensemble de la vie sociale, culturelle et spirituelle d'un quartier.
Au travers de ce texte, nous ne souhaitons pas uniquement répondre à cette problématique. Ainsi, le séminaire gouvernemental a répété hier que la dimension sociale serait traitée séparément au travers d'un texte relatif à l'égalité des chances et à la mixité. Le séparatisme ne se résume en outre pas uniquement au séparatisme islamiste. D'autres catégories de secteurs savent très bien le manier.
Pour autant, pour en revenir à votre thème de recherche, j'ai une question générale : pensez-vous que la cible est touchée par les mesures que nous prenons ? Pensez-vous que l'ambition de faciliter la vie des religions qui fonctionnent normalement dans notre pays correspond à un enjeu fort ? Enfin, j'ai le sentiment que lorsque nous aurons réussi à séparer le bon grain de l'ivraie en distinguant les associations qui respectent véritablement les principes de la République de celles qui se jouent des mots pour utiliser l'argent de la République contre elle-même, une compétition s'installera entre structures. Comment faire pour accompagner les structures qui devront prendre la place, pour aider un islam de progrès à se manifester, en particulier au travers des associations promues et dirigées par des femmes ?