À mon sens, l'idée de la loi suit un sens souhaitable, car elle fournit des outils qui permettront aux préfets et aux autres autorités publiques de desserrer l'étreinte islamiste sur les quartiers. Il s'agit, au fond, de restituer du pluralisme dans les quartiers, et non d'interdire. Certaines associations seront islamistes sans être terroristes, mais il doit à tout le moins exister une offre alternative, des espaces où l'on trouvera une autre expression, qu'elle soit religieuse ou sociale, non contrôlée ou imprégnée par l'islamisme.
En ce sens, l'enjeu de la loi est de restituer le pluralisme de la société civile dans les quartiers. Ainsi, si vous vous mettez à la place d'un jeune Français issu de l'immigration, lorsque vous traversez la rue Gabriel Péri, tout vous ramène à votre identité religieuse – commerces, inscriptions « hallal », magasins de mode islamique, oursons jouets qui répètent des formules religieuses, etc. Rien ne vous ramène à une identité citoyenne ou une identité exclusivement sportive. La politique des signes joue aussi un grand rôle dans le fait que l'on est interpellé essentiellement comme croyant et mis en demeure de se définir comme tel, avec une norme que l'on doit respecter sous peine d'être sanctionné par le contrôle social.
D'après moi, ces dispositifs de quartier, établis de manière plus ou moins concertée, mais qui produisent un effet intimidant, doivent être au moins concurrencés par d'autres formes associatives, d'autres possibilités d'expression, par exemple artistique. Il convient que l'État ait les outils pour limiter l'empreinte idéologique.
Je n'ai sans doute pas complètement répondu à votre question, mais à mon sens, la loi va dans le sens de la libération d'une population largement contrôlée. Le pire serait que par victimisation, les acteurs communautaires, communautaristes et islamistes s'emparent de ce segment pour en être le représentant face à ce qu'ils décriront – et qu'ils décrivent déjà sur les réseaux sociaux – comme une atteinte contre l'islam.