La prison est un enjeu fondamental, dont le problème porte sur la suroccupation. Il convient en effet d'isoler les détenus les plus dangereux, ce que nous essayons de faire au travers des quartiers d'évaluation de la radicalisation (QER). Ce que je vais dire est horrible : nous avons créé le renseignement pénitentiaire pour essayer de mieux comprendre et d'analyser le phénomène, nous tentons de regrouper et de séparer les individus, mais cela n'a pas empêché la progression de la radicalisation au sein des détenus de droit commun. Ainsi, l'administration pénitentiaire recense désormais plus de 500 détenus qualifiés d'islamistes, contre environ 700 en 2015. Les répartir parmi les prisonniers de droit commun ouvre la voie au prosélytisme idéologique ; les regrouper revient à prendre le risque de constituer des noyaux durs qui se reverront une fois sortis de prison. Les solutions se trouvent entre ces deux positions, avec un suivi psychologique des intéressés.
Le problème est la persistance des téléphones portables en prison, en dépit de tous les efforts. La communication avec l'extérieur ne cesse jamais. Les prisons et les quartiers partagent en outre les mêmes mécanismes de diffusion et de sanction, bien que ceux-ci soient quasiment caricaturaux en milieu carcéral. Certains voient l'autorité dans la prison comme l'équivalent du policier dans le quartier. Les prisons concentrent également le mélange entre délinquance et religiosité observé dans les quartiers.
La solution passe par la construction de prisons. Or, vous connaissez mieux que moi l'état des ressources publiques. La construction de nouveaux établissements pénitentiaires n'est pas actuellement une priorité, mais c'est pourtant la seule solution. Il convient en outre d'améliorer la formation de ceux qui y travaillent et de mener un travail d'accompagnement pour isoler au maximum les détenus les plus dangereux. Or, jusqu'à présent, j'ai observé que tous les programmes et toutes les tentatives de déradicalisation au sein des prisons n'avaient que peu d'effet.