Intervention de François Cormier-Bouligeon

Réunion du vendredi 15 janvier 2021 à 18h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Cormier-Bouligeon :

Monsieur le professeur, j'introduirais ma question en citant trois exemples que vous connaissez bien, car je les tire de vos travaux, de ceux d'Hugo Micheron et de William Gasparini. Abdoullakh Anzorov, assassin de Samuel Paty, fréquentait une salle de sport, l'une des premières en France à être dans le viseur de l'État et placée sous tutelle. Amedy Coulibaly, terroriste de l'Hyper Cacher et de Montrouge, était un ancien coach sportif et appelait dans une vidéo, je cite : « les sportifs musulmans à défendre l'islam. » Les frères Clain, qui ont recruté de nombreux terroristes à Toulouse, dont Mohammed Merat, et qui étaient les voix de l'audio suite aux attentats de Paris et du Bataclan, tissaient depuis le début des années 2000 une toile dans le grand Mirail, à Toulouse ; une partie de leur stratégie reposait sur leur présence dans le monde sportif, avec notamment la création d'un club de basket pour recruter et l'aide apportée à des jeunes d'autres clubs sportifs en leur distribuant des sucreries après l'effort.

Loin d'être exhaustifs, ces exemples démontrent un lien aujourd'hui bien documenté entre sport, radicalisation religieuse et passage à l'acte. Le sport permet d'entrer en contact facilement et rapidement avec toute une jeunesse issue de l'immigration. Tout comme l'école, il est en France un très puissant vecteur d'émancipation et d'intégration citoyenne. Il n'est donc pas surprenant que des idéologues séparatistes islamistes attaquent ces deux secteurs plus particulièrement pour enrôler une partie de la jeunesse, l'empêcher de s'émanciper et utilisent le sport comme un levier symbolique, celui d'une puissance virile et violente fantasmée qui correspond à leur idéologie. Je n'ai pas besoin de prendre l'exemple des premières actions du FIS en Algérie, qui illustraient déjà à la fin des années 1980 et dans les années 1990 cette stratégie.

Ces deux points m'apparaissant fondamentaux, j'ai déposé des amendements au présent projet de loi pour veiller à une véritable neutralité dans le monde sportif. Outre cette plus grande neutralité dans le monde du sport et le retour aux valeurs de l'olympisme, quels sont, selon vous, les moyens que nous devrions mettre en œuvre au sein des fédérations pour veiller à ne plus appliquer la politique des trois singes décrite par Médéric Chapitaux, je cite : « ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire » ? Je vous remercie.

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