C'est un amendement important pour nous. Beaucoup considèrent qu'il y a parfois une forme de clientélisme – pardon pour cette expression – dans certaines communes lorsque des élus participent à des cérémonies religieuses, de manière ostensible, non dans le cadre de leurs convictions personnelles – c'est tout à fait leur droit de le faire – mais ès qualités. Nous souhaitons que cela ne soit plus permis.
Ici, lors du vœu adressé par une ville qui a été protégée du choléra en 1832, des élus sont présents au premier rang de l'église, chaque année, en tant que maire ou député, et ils communiquent à ce sujet. Ailleurs, il est de bon ton de participer à des ruptures de jeûne et d'en faire la publicité. À Béziers, ville qui m'est chère, le maire annonce, sur les panneaux municipaux, qu'il organise une messe à l'occasion du début de la féria. Je ne suis pas d'accord avec cela.
L'amendement intègre, bien sûr, le fait qu'il peut exister des événements exceptionnels, des drames, à la suite desquels nous pouvons souhaiter incarner la solidarité de la République en assistant à une cérémonie religieuse. En revanche, les élus ne devront plus participer, en tant que tels, aux cérémonies religieuses régulières. C'est une application de la laïcité : la République garantit la liberté de culte et de conscience mais elle ne reconnaît aucun culte. Sinon, cela revient parfois à accorder un privilège : certains élus ne vont pas à d'autres cérémonies religieuses, ce qui peut conduire à des interrogations chez nos concitoyens.
Nous proposons une manière de procéder qui est claire et fidèle à la conception qu'avait, à une époque, Clemenceau – vous y serez sensible, monsieur le ministre de l'intérieur. Il avait même refusé, après la Première guerre mondiale, que son Gouvernement participe au Te Deum organisé à Notre-Dame pour rendre hommage aux morts. C'était peut-être une version radicale de ce que nous proposons. Nous considérons qu'un élu n'a pas sa place, ès qualités, dans les cérémonies religieuses – s'il est croyant, il pourra pratiquer sa religion.