Que les choses soient claires. Chacun d'entre nous peut avoir des convictions spirituelles et pratiquer sa foi d'une manière privée. Ce n'est absolument pas la question.
Il existe aussi des moments exceptionnels – c'est prévu dans l'amendement –, par exemple lorsqu'une personnalité de la commune décède. On peut vouloir marquer sa solidarité : même si on ne partageait pas la foi de la personne concernée, on va évidemment à la cérémonie. Des drames peuvent également se produire, comme l'assassinat de fidèles dans un lieu de culte, et là aussi on peut souhaiter marquer sa solidarité. L'amendement est clair sur ce point.
Il y a, par ailleurs, des traditions – le mot a été prononcé. La laïcité doit permettre de mettre bon ordre en la matière. Nous devons garantir la possibilité que les traditions se perpétuent. Mais faut-il considérer que les élus de la République doivent participer et que les communes doivent faire de la publicité ? C'est généralement un petit privilège qui est accordé à une religion et pas à d'autres. C'est la question que nous avons à traiter. Je rappelle accessoirement que beaucoup de nos concitoyens, lorsqu'on les interroge, disent ne pas croire en Dieu, et qu'il y a plusieurs cultes dans notre pays.
J'observe bien souvent que des élus vont à certains endroits – comme par hasard, il y a généralement beaucoup de fidèles de la religion concernée dans leur circonscription – mais qu'ils ne vont pas ailleurs. Cette conception à géométrie variable est blessante.
Vous avez évoqué les traditions, madame Ménard. Vous savez que la ville dont vous êtes la députée m'est chère. De quelle tradition parlons-nous ? La féria de Béziers a été créée en 1968 par un élu franc-maçon et socialiste, Jules Faigt. Cette tradition a donc mon âge, 52 ans. La messe était limitée, à l'origine, aux toreros avant leur entrée dans l'arène. C'était une messe dans une petite chapelle. Le maire de Béziers a choisi d'en faire une messe publique, annoncée sur des panneaux grâce à de l'argent municipal. Trouvez-vous franchement que c'est respecter la laïcité et une tradition ? C'est la fabrication d'une nouvelle tradition.
On invite tout le monde à venir, y compris, bien sûr, les musulmans. Mais où sont les affiches de M. Ménard invitant les catholiques à aller à la mosquée ? Elles n'existent pas. C'est une conception à géométrie variable ou, pour le dire vulgairement, un clientélisme électoral dont je ne veux pas.