Intervention de Alexis Corbière

Réunion du mercredi 20 janvier 2021 à 15h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Je suis sensible aux propos de Mme Genevard. Nous sommes nombreux à avoir enseigné et l'émotion est telle qu'il semble légitime d'envoyer des signes forts. Pour autant, je ne voudrais pas que l'on croie que rien n'était prévu dans la loi jusqu'à présent. D'ailleurs, les enseignants ne le pensent pas ; ils reprochent plutôt la non-application de la loi. Ils se plaignent bien souvent, lorsqu'ils s'ouvrent de leurs difficultés à leur chef d'établissement, de ne pas être accompagnés. Ne donnons pas l'impression que tous les problèmes seront réglés du jour au lendemain parce que nous aurions comblé les lacunes de la loi. Nous devrions plutôt réfléchir aux moyens de la faire appliquer.

Prenons garde, par ailleurs, à ne pas judiciariser la moindre tension qui naît au sein d'un établissement scolaire. Tel que l'article est rédigé, les élèves eux-mêmes pourraient être concernés. J'ai enseigné pendant vingt-cinq ans dans un lycée professionnel. Les élèves passaient la plus grande partie de mes cours à les contester, par indiscipline ou par conviction politique ou religieuse. Ces comportements appellent des sanctions pédagogiques mais toute la difficulté est de les faire appliquer. Faute de surveillants, l'enseignant ne sait que faire. S'il exclut l'élève de son cours, il sait que celui-ci se retrouvera dans la rue, ce qui n'est pas une solution. Alors il s'autocensure. C'est un exemple des nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés les enseignants, par manque de surveillants, de médecins scolaires ou encore de psychologues scolaires. Sanctionner pénalement la moindre contestation des élèves serait une erreur complète.

Cela étant, les menaces sont intolérables et doivent être condamnées mais, entre un élève qui élève le ton et se montre irrespectueux, voire grossier, et un parent qui menace, il faut savoir faire la différence.

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