Permettez-moi de vous lire, à ce stade, la lettre d'un de vos lointains prédécesseurs, monsieur le ministre : Jules Ferry. Il écrivait aux instituteurs, le 17 novembre 1883, pour la deuxième année de l'application de loi de 1882 : « La loi du 28 mars se caractérise par deux dispositions qui se complètent sans se contredire. D'une part, elle met en dehors du programme obligatoire l'enseignement de tout dogme particulier. D'autre part, elle y place au premier rang l'enseignement moral et civique. L'instruction religieuse appartient aux familles et à l'Église, l'instruction morale à l'école. » Il conclut : « J'ai essayé de vous donner, monsieur, une idée aussi précise que possible d'une partie de votre tâche qui est, à certains égards, nouvelle, qui de toutes est la plus délicate. Permettez-moi d'ajouter que c'est aussi celle qui vous laissera les plus intimes et les plus durables satisfactions. Je serai heureux si j'avais contribué, par cette lettre, à vous montrer toute l'importance qu'y attache le gouvernement de la République, et si je vous avais décidé à redoubler d'efforts pour préparer à notre pays une génération de bons citoyens. Recevez, monsieur l'instituteur, l'expression de ma considération distinguée. » Signé : le président du Conseil, ministre de l'instruction publique et des beaux-arts, Jules Ferry.