Monsieur le rapporteur général, vous avez fait des comparaisons avec les deux grandes lois de 2004 et de 2010. La première a été soutenue avec courage par Jacques Chirac, à la suite d'un rapport parlementaire de François Baroin. Où en serions-nous aujourd'hui sans elle ? Serait-elle même encore possible ? Il a fallu du courage. Celle de 2010 était la loi de Nicolas Sarkozy. Là aussi, il a fallu du courage pour mettre un coup d'arrêt au port de la burqa dans l'espace public. Qui peut contester le fait que le contenu de ces lois était fondateur et protecteur ? Peut-on en dire autant de votre petite loi qui accumule des mesures aussi fumeuses que vides de sens ? On ne peut pas comparer. Que restera-t-il de ce projet de loi ?
Vous avez intégralement déconstruit toutes les mesures de protection qui avaient été prises par le Sénat. Dans les réunions interministérielles où tout se décide, où le Gouvernement décide quel amendement recevra un avis favorable ou non, il y avait des instructions très précises qui descendaient du chef de l'État pour dire que jamais il ne faudrait aborder la question du port des signes religieux. Vous avez occulté ce débat, sur lequel le Sénat est revenu, pour les accompagnants scolaires, pour le burkini, pour les fillettes. Vous permettez, sans réagir, de voiler une fillette ! Parmi la majorité, pourtant, certains parlementaires courageux avaient défendu, derrière Aurore Bergé, ces amendements, avant qu'on leur fasse comprendre, depuis le plus haut sommet de l'État, qu'il valait mieux qu'ils se taisent. C'est une profonde occasion manquée. Le titre reflète la vacuité du texte. Quand le texte est dense, peu importe son titre, seules les mesures comptent. Or, là, elles sont dramatiquement absentes.