Intervention de Annie Chapelier

Réunion du jeudi 17 décembre 2020 à 9h30
Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Chapelier :

Je mettrai l'accent sur la discrimination salariale à l'encontre des métiers à prédominance féminine, comme ceux relatifs au soin ou à l'éducation. Dans le milieu du soin, grandement mis à contribution cette année, cette discrimination pénalise autant les hommes que les femmes. Ces métiers sont dévalorisés pour les raisons historiques et sociologiques que nous connaissons et sur lesquelles je ne reviendrai pas. Une évolution est‑elle possible ?

Au Canada, on s'était aperçu que des fonctions d'État à faible responsabilité, pénibilité, compétences et prise de risque étaient mieux rémunérées que des professions du soin, parce qu'à prédominance masculine, elles parvenaient à obtenir de meilleurs salaires. Sous l'impulsion de la ministre libérale Monique Jérôme-Forget, les Québécois ont mené une vaste enquête qui a permis une mise à plat et le remplacement de l'approche « à travail égal, salaire égal », par celle de « travail à valeur égale, salaire égal ». La revalorisation de salaires qui s'en est suivie, certes coûteuse mais aussi vertueuse, a finalement profité à toute la société. En France, nous avons obéi à une logique inverse puisque le décret du 19 septembre pris après le Ségur de la santé couvre tous les agents hospitaliers, quelle que soit leur profession, et pas seulement les soignants à majorité féminine. Ainsi, des jardiniers, des directeurs d'hôpital, des secrétaires, des cuisiniers, des électriciens bénéficient d'une augmentation de salaire. Parce que le critère retenu est celui du périmètre géographique de la fonction hospitalière et des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), tous les secteurs médico-sociaux ne sont pas inclus et d'autres infirmières et aides-soignantes ne bénéficient pas de l'augmentation.

Plutôt qu'une approche fine de l'évolution de certaines professions, la France a retenu une approche très administrative de périmètre strict. Monique Jérôme-Forget disait que la volonté politique d'un ministre pouvait changer les choses. Quand aurons-nous la volonté politique de remédier à cette injustice par une remise à plat afin de rémunérer certaines professions pour la valeur de leur travail ?

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