Madame la ministre déléguée, je vous remercie chaleureusement de votre présence à nos côtés pour échanger sur des sujets qui, je le sais, vous tiennent tout particulièrement à cœur et pour lesquels vous êtes force de proposition.
Vous le savez sans doute, Mme Laurence Trastour-Isnart et moi-même menons, pour le compte de la Délégation, une mission d'information intitulée « Travailler, entreprendre, gouverner : accélérer l'égalité économique et professionnelle ». Dans ce cadre, nous nous attachons à décomposer les mécanismes à l'œuvre derrière les inégalités économiques et professionnelles à travers trois grands axes : l'entreprenariat, l'accès au marché du travail et la gouvernance économique. Nous entendons dresser un panorama général assorti de propositions très concrètes, susceptibles de permettre à notre pays de franchir un nouveau cap en matière d'égalité économique et professionnelle, conformément aux objectifs énoncés par le Président de la République à l'occasion du G7 de Biarritz, en 2019.
Nous partageons le même constat : les femmes représentent moins de 30 % des salariés de l'industrie. Ce chiffre, qui stagne depuis dix ans, cache une autre réalité : les femmes occupent majoritairement des fonctions support et ne participent qu'à la marge à la conception et à la production industrielles. Cette donnée doit nous interpeller car elle recouvre non seulement des enjeux très forts d'égalité professionnelle, d'innovation, de performance et de développement économique pour notre pays, mais également des enjeux quant à la place des femmes dans notre société. L'industrie crée, forge, façonne les biens et les usages d'aujourd'hui, comme ceux de demain ; continuer d'en exclure les femmes, c'est s'assurer d'une certaine inertie de ce point de vue.
Lutter contre cette inertie, c'est la démarche que vous avez engagée, madame la ministre déléguée, en installant, en mars 2019, un Conseil de la mixité et de l'égalité professionnelle dans l'industrie, qui vise à répondre à la nécessité d'offrir aux femmes des carrières professionnelles attractives permettant de valoriser leur potentiel, ainsi qu'au souci d'élargir le vivier de compétences de notre industrie alors que plusieurs milliers d'emplois cherchent à être pourvus. Aussi, pourriez-vous revenir sur le plan d'action de ce conseil et sur l'avancée des objectifs qu'il s'est fixés ?
En matière de gouvernance économique, d'abord. Rappelons que nous sommes à la veille des dix ans de la loi relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d'administration et de surveillance et à l'égalité professionnelle, dite Copé‑Zimmermann, qui constitue un succès incontestable en matière de féminisation des conseils d'administration, mais qui manque son effet de ruissellement sur les autres instances de décision au sein de l'entreprise. Dans l'industrie, les femmes ne représentent que 15 % des membres des comités exécutifs.
En matière d'accès au marché du travail, ensuite, car nous constatons la persistance de biais regrettables dans les choix de formation qui entraînent une sous-représentation des femmes dans les filières les plus rémunératrices ou d'avenir. À cet égard, la charte pour une représentation mixte des jouets et le guide de bonnes pratiques à destination des entreprises industrielles, édité par votre ministère, soulignent votre volonté remarquable d'obtenir des résultats concrets. Je salue d'ailleurs ici l'engagement de Céline Calvez sur la question de l'orientation des femmes vers les métiers scientifiques et technologiques. Peut-être pourrez-vous également nous dire quelques mots s'agissant de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au sein de ces milieux fortement masculins et parfois défavorables, voire hostiles, aux femmes – ce qui peut aussi expliquer le faible taux d'attractivité de ces milieux pour les jeunes femmes.
En matière d'entreprenariat, enfin, les femmes mènent moins souvent des projets de création d'entreprise – encore plus rarement d'entreprise industrielle – et reçoivent moins de financements. Quel constat faites-vous de votre côté, et quels moyens vous donnez-vous pour améliorer cet état de fait ?
Nous aimerions beaucoup savoir quel constat précis vous dressez de la situation dans les différentes filières – j'imagine qu'elle est hétérogène – et quelles solutions, notamment législatives, nous pourrions apporter pour répondre aux enjeux des secteurs dont vous êtes chargée.