Dans son propos introductif, notre présidente a repris les sujets évoqués avec beaucoup de conviction – à juste titre – depuis plus de quatre ans par notre Délégation, sujets qui, au‑delà des groupes dans lesquels nous œuvrons, mobilisent chacune et chacun d'entre nous à titre individuel. Ce sont des combats qui dépassent cette simple législature et pour lesquels nous avons tous des engagements. Il n'en demeure pas moins que subsistent encore à ce stade, en septembre 2021, des interrogations, le constat de lacunes et l'attente d'avancées sur nombre de ces sujets. Cette question reste prégnante et les enjeux sont multiples.
Nous avons toujours, dans cette Délégation, travaillée dans un esprit de corps et, me semble-t-il, n'avons jamais marqué de divergences clivantes sur les sujets qui nous occupent. Or, dans vos propos, vous avez salué à plusieurs reprises votre majorité, Madame la ministre. Je vous avise donc que les minorités ont également apporté – avec leurs armes et leurs outils, qu'il s'agisse de propositions de loi dont parlait Mme Battistel ou d'autres initiatives parlementaires – leur pierre à l'édifice de ce combat qui dépasse nos petites personnes ou, plus simplement, les groupes majoritaire ou minoritaires. Mon groupe a cherché à faire avancer un certain nombre de sujets et a contribué à ce que Gouvernement réponde. Avec toute la liberté et le respect que j'ai pour vous, je tenais à vous le rappeler car, pour tout vous dire, j'ai été quelque peu chagriné par votre intervention liminaire, non sur le fond mais en raison de ces éléments à l'attention de votre majorité. Je tenais à vous de dire.
Sur le fond, j'ai trois sujets à évoquer avec vous.
Tout d'abord, la question de la prostitution n'a pas été abordée. C'est un fléau sur lequel nous n'avançons pas beaucoup. Les éléments de pratique restent prégnants, avec surtout, derrière, la traite de femmes prises dans des réseaux ainsi qu'une prostitution infantile totalement intolérable. Que pourriez-vous envisager de faire à ce sujet dans les six mois de cette législature qui restent ?
Ensuite, s'agissant des violences conjugales, je reconnais que des réponses fortes ont été apportées depuis quatre ans. Je relève toutefois que c'est souvent la femme qui doit s'éloigner. À travers un certain nombre d'initiatives parlementaires, l'idée avait été avancée qu'elle demeure au domicile, au foyer familial, et que ce soit le mari coupable de violences qui soit déplacé, quitte à être placé dans un foyer où un travail thérapeutique pourrait être entrepris. Que pensez-vous de cette pratique ? Le cas échéant, quels moyens pourriez-vous y apporter ?
Enfin, je voudrais évoquer le respect des femmes en France. Marie‑Noëlle Battistel a parlé de la situation en Afghanistan ; c'est un sujet sur lequel nous avons cosigné, toutes sensibilités politiques confondues, un courrier au Premier ministre. Il n'en demeure pas moins que, sous l'emprise de la religion, tout du moins d'une certaine lecture et pratique de la religion, en France, des femmes ne jouissent pas forcément de liberté et de droits individuels. On le sait, c'est le cas dans certains quartiers où l'on voit bien que la femme est, sur le sol de la République française, soumise au joug du salafisme. Comment, au-delà de la diplomatie parlementaire et de combats qu'elle mène à titre universel, la France pourrait‑elle être plus attentive à faire respecter le droit des femmes en France par rapport à une pratique de la religion qui peut être attentatoire aux droits individuels et à la liberté de ces femmes.
Je vous donne acte de l'engagement de toutes les mesures qui avait été évoquées lors du Grenelle, mais in fine, au-delà de leur évaluation, ce qui compte c'est leur efficacité. Au vu du nombre de crimes commis encore à l'encontre de femmes, depuis le début de cette année, nos mesures ne seront pas efficaces avant un certain temps. Collectivement, nous ne pouvons que le déplorer.