Intervention de Nicole Le Peih

Réunion du mercredi 19 janvier 2022 à 16h45
Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicole Le Peih :

Monsieur le ministre, je dois peut-être rectifier le pourcentage que vous avez donné concernant la présence des femmes dans l'agriculture. Je constate depuis cinq ans en Bretagne que les femmes sont de plus en plus nombreuses à s'engager dans des métiers agricoles ou para-agricoles. Il s'agit à mon sens de quelque chose de positif pour l'avenir, même si, historiquement, leur place dans les fermes n'a jamais été confortable ni valorisée. Pour reprendre une formule issue d'un rapport du Sénat, « les agricultrices d'aujourd'hui sont les héritières d'une longue invisibilité ». Mais le cours des choses est en train de changer.

Je suis relativement optimiste en constatant que les femmes s'installent en tant que cheffes d'entreprises, souvent à l'issue d'une formation longue. Ma fille s'installe cette année, avec un bac + 5 et des formations extérieures. Demain, avec tout ce qu'elles ont intégré en termes de valeur ajoutée et de compétitivité au cours de leur parcours scolaire et universitaire, elles seront des vecteurs de développement importants. Ce qu'elles veulent, c'est gérer leur entreprise de A à Z tout en conservant un temps familial et un temps personnel, le tout dans l'acceptation sociétale. C'est un bouleversement qu'introduit l'arrivée de ces femmes dans l'agriculture.

Je suis très fière de cette évolution de la sociologie des fermes. Certes, des aspects du métier restent à améliorer. Comme l'a dit ma collègue, la vie familiale peut être un frein dans l'organisation du temps de travail. Peut-être les chambres d'agriculture pourraient-elles former les hommes et les femmes chefs d'entreprise à ménager un espace-temps consacré à la vie familiale, afin de renforcer la pérennité des exploitations. Dans le monde agricole, le modèle de chef d'entreprise appelle un investissement personnel, familial et social important, sans même parler des aspects financiers.

Les chambres d'agriculture pourraient également renforcer leurs formations pour réduire les tensions en matière de recrutement du personnel. Je le perçois moi-même dans ma structure : un savoir-être est nécessaire pour gérer une exploitation agricole, toutes productions confondues, et une formation aux ressources humaines est presque impérative. En outre, bien que l'agriculture se soit fortement mécanisée et que l'exploitation et la gestion fassent la part belle au numérique, ces compétences demandent à être renforcées en permanence. C'est presque une formation continue qu'il faudrait, s'agissant tant de la production technique que du suivi de l'entreprise.

Pour assurer la pérennité des exploitations existantes, surtout dans l'optique de défendre l'autonomie alimentaire du pays, à laquelle je vous sais attaché, monsieur le ministre, cette formation continue et un accompagnement plus pointu exercé par les chambres d'agriculture apparaissent souhaitables.

En attendant, je tiens à saluer toutes les avancées sociales que nous avons accomplies ensemble au cours de la législature, qui étaient réclamées depuis de nombreuses années. C'est un bond en avant qui a eu lieu, s'agissant du congé maternité – ce que j'ai vécu dans les années 1990 était tout autre –, du statut, des points de retraite ou enfin de l'indemnité journalière, en 2019. C'est une première étape qui est de nature à faire revenir à l'agriculture une population qui s'en était éloignée après les difficultés rencontrées par les générations précédentes.

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