Intervention de Karine Lebon

Réunion du mercredi 19 janvier 2022 à 16h45
Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKarine Lebon :

À La Réunion, environ 1 200 femmes travaillent dans le secteur de l'agriculture, soit 20 % de l'effectif global en 2021. Cela montre à quel point les femmes sont au cœur du nécessaire renouvellement générationnel. Elles représentent même 25 % des chefs d'exploitation. Pourtant, les témoignages sont encore alarmants : en 2021, les femmes restent victimes de sexisme au sein du monde agricole. Cela va des petites remarques dégradantes de ceux qui demandent « à parler au patron » à une division genrée du travail, où les femmes se retrouvent à effectuer les tâches accessoires ou administratives, mais pas les plus importantes et responsabilisantes. Les agricultrices ont d'ailleurs toujours des revenus plus faibles que leurs homologues masculins à poste égal.

La bande dessinée Il est où le patron ? Chroniques de paysannes, publiée récemment et réalisée à partir du témoignage de cinq agricultrices, met en lumière les injustices juridiques et économiques qui pèsent encore sur elles. Y est évoquée la précarité de leur statut juridique, avec des avancées légales insuffisantes et souvent non rétroactives, qui se traduit notamment par une faiblesse persistante des salaires et retraites. Les statistiques de la MSA montrent effectivement un écart des pensions de retraite entre hommes et femmes de 13,2 % pour les chefs d'exploitation et 17,4 % pour les salariés agricoles, même si des avancées importantes ont été rendues possibles par les lois Chassaigne.

Encore aujourd'hui, les femmes sont fortement sous-représentées dans les conseils d'administration des organismes professionnels agricoles, ce qui ne peut qu'obérer leur capacité à être reconnues et à défendre leurs droits. La proposition de loi relative à la valorisation des carrières des femmes dans l'agriculture déposée en avril 2021 par les membres de la majorité propose notamment d'instaurer un seuil minimal de 30 % de femmes au sein de ces instances, ce qui est également demandé par les associations d'agricultrices. Où en sommes-nous, puisque nous arriverons sans doute à la fin du quinquennat sans trouver le temps de discuter ce texte ?

Quelle politique entendez-vous mener dans le court temps qu'il vous reste pour que les préjugés sexistes puissent être combattus et traités à la racine par l'éducation ? C'est une égalité réelle qui doit se mettre en place, pour ce qui est du nombre de femmes dans le secteur agricole certes, mais également dans les postes à responsabilité.

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