Dans une dynamique de verdissement, le Gouvernement a créé un bonus écologique de 7 000 euros pour les véhicules électriques, un autre de 2 000 euros pour les véhicules hybrides rechargeables ainsi qu'une prime à la conversion de 5 000 euros. Cette volonté se matérialise par des aides spécifiques pour soutenir le secteur automobile, avec 200 millions d'euros de subventions pour la digitalisation, la robotisation et la transformation industrielle, notamment écologique, 150 millions d'euros pour accompagner l'effort de recherche ainsi que la création d'un fonds d'investissement de 600 millions d'euros.
Si le secteur automobile des outre-mer présente des spécificités, nous devons saisir cette occasion pour aller plus loin, expérimenter, transformer, avec les soutiens financiers adéquats. S'agissant du surstockage, le Gouvernement ne changera pas sa vision du verdissement : le milliard d'investissement dont le Premier ministre précisera les conditions pour les collectivités sera vert et solidaire. Après le covid-19, plus rien ne sera comme avant. Certes, des difficultés se poseront chez certains. C'est pourquoi nous devons réfléchir à la façon d'accompagner ces acteurs.
Le choix des véhicules mis en circulation, qui nous engage pour cinq à dix ans, relève toutefois des territoires. Nous ne pouvons pas forcer les importateurs détenteurs de stocks à ce changement de paradigme qu'est la trajectoire outre-mer 5.0. Outre à l'urgence économique, la crise nous met face à la nécessité d'apporter une réponse dans le temps. Aussi, je vous propose d'examiner, ensemble, la meilleure façon d'accompagner les entreprises, en tenant compte des spécificités locales de La Réunion.
S'agissant des transports en commun, vous recevrez une réponse écrite dans les jours qui viennent.
Pour ce qui concerne Mayotte, après la fermeture rapide des liaisons aériennes, un pont aérien avec La Réunion, pris en charge par l'État, ainsi que des bateaux et des avions militaires ont apporté le soutien logistique nécessaire.
J'ai pris des engagements lorsque je me suis rendue à Mayotte, que je tiendrai. Tout d'abord, comme les Réunionnais présents à Mayotte, les Mahorais présents à La Réunion ont pu rejoindre leur territoire, sur les derniers vols du pont aérien. De même, les Mahorais bloqués à Dubaï ont pu rentrer par les Comores. Une fois de retour à Paris, j'ai recensé les 1 314 étudiants et 87 autres Mahorais qui, restés en métropole, souhaitaient rentrer dans leur territoire. Un avion sera affrété autour du 8 ou 9 juin – du moins avant le 15.
Le second engagement était de tester ces personnes à leur départ. Pour cela, j'ai besoin d'un texte, grâce auquel je pourrai monter l'opération, avant de rouvrir les vols commerciaux à destination de Mayotte.
L'eau est un enjeu majeur, pour tous les acteurs de nos territoires. La problématique du manque d'eau s'est croisée avec celle d'équipements vieillissants, peu entretenus et peu gérés, d'une sécheresse et de la nécessité de se laver les mains pour faire barrière au covid-19. Les situations varient d'un territoire à l'autre. L'eau est toutefois de la compétence des communes, des élus des territoires. L'État est à leurs côtés et y restera, mais il est un peu facile de lui renvoyer la question.
Dans 77 villages de Mayotte, 14 rampes d'eau ont été installées durant la crise, avec des cartes d'accès aux bornes-fontaines, en pleine saison sèche. Des travaux ont été engagés pour renforcer les capacités de production, avec des forages, des unités de dessalement, notamment pour augmenter la capacité de retenue d'eau. Tous les partenaires doivent travailler davantage ensemble, afin de traiter jusqu'au bout les projets relatifs aux structures, qui ne rendent pas les services visés.
De fortes tensions existent en Guadeloupe, depuis de nombreuses années. Le planning des tours d'eau, qui concerne plus de 100 000 habitants, n'est pas respecté. À la suite de manifestations, le préfet s'est substitué à certaines communes, pour installer d'autres points d'eau et réquisitionner les opérateurs concernés, afin d'établir un diagnostic et de réaliser des travaux d'urgence. Avec Emmanuelle Wargon, j'ai annoncé au préfet des moyens supplémentaires.
L'urgence est d'accélérer le retour à une situation moins dégradée, en particulier de fiabiliser le calendrier des tours d'eau, comme l'ont demandé l'ensemble des élus. Les différents échelons doivent travailler de manière consensuelle car, si l'État a pris largement sa place dans le règlement de ces difficultés en Guadeloupe, la mobilisation doit être générale.
A la Martinique, les coupures d'eau ont concerné près de 20 000 habitants, et duré jusqu'à six jours d'affilée. Les communes ont installé un système de citernes d'eau sanitaire et de distribution d'eau en bouteille, avec l'accompagnement des forces armées des Antilles. Le plan d'urgence opérationnel, signé entre l'État et les opérateurs, pour augmenter la production d'eau potable, notamment par une remise en service de points de forage, et pour garantir l'équité des tours d'eau a été renforcé, pour une efficacité et une transparence accrues du système de distribution.
Dans tous les territoires, nos populations demandent des comptes. Elles veulent sortir de la spirale où des communautés aux recettes insuffisantes investissent peu, ce qui conduit les administrés, mécontents, à ne pas payer, baissant encore les recettes.
Avec le Ségur de la santé, le Président de la République, le premier ministre ainsi que le ministre des solidarités et de la santé ont débuté un nouveau chantier, pour faire face à l'après-crise et répondre aux revendications du monde médical et hospitalier, que nous avons entendues. La santé est centrale pour nos territoires dont les hôpitaux présentent des difficultés budgétaires et des dettes. De premières réponses avaient été apportées. Outre les constructions d'hôpitaux qui sont en cours en Guadeloupe et à Mayotte, des rénovations sont programmées. Des crédits d'investissement sont prévus pour les directions des hôpitaux.
Le Ségur de la santé doit aussi avoir son volet ultramarin. Le ministre, très impliqué dans nos problématiques, m'a apporté son aide chaque fois qu'une difficulté était signalée. Attentif à l'expérimentation, il veille aussi au maintien de la quatorzaine. Je découvre pour ma part les dates des réunions que vous citez, mais dès que l'obligation de quatorzaine sera supprimée, le ministre se rendra dans un des territoires ultramarins. Je lui demanderai une rencontre particulière, pour les élus et les présidents de région et de département.
Quant au sentiment d'être écarté, le Premier ministre a annoncé sa volonté que les Français puissent se rendre dans les territoires ultramarins cet été. L'ouverture des territoires dépendra alors de leur volonté d'en prendre le risque, en garantissant la protection des ultramarins, notamment ceux utilisant leurs congés bonifiés, et des touristes.
Face au drame que vivent les entreprises du tourisme, des réponses sont apportées. J'ai aussi entendu vos demandes complémentaires et suis prête à accompagner l'ouverture des territoires, ce qui justifie une expérimentation. Nous devons avancer car le dispositif de quatorzaine limite le nombre de voyageurs. Pourtant, le premier frein est non pas de notre côté, mais dans les territoires, où tous les acteurs ont à construire une réponse.