Mayotte est, par excellence, le département des différenciations, le territoire de tous les records : d'abandon, d'immigration, de violence, de chômage, de pauvreté. Nous avons besoin de réponses précises et d'engagements.
Les élus de Mayotte vous ont exprimé leurs souhaits, à la fin du mois de septembre, en matière de différenciations. Un collègue a ainsi souhaité la renationalisation du RSA. De leur côté, le ministère de la transition écologique et le ministre délégué chargé des transports brûlent de nous refiler la compétence en matière de routes nationales, tout comme le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports et le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation celle de la gestion des lycées. Or, sachant que nous ne sommes même pas fichus de faire face à nos obligations en matière de RSA, je vois mal qu'on puisse encore étendre nos compétences dans le cadre de la décentralisation. Je considère que, de ce point de vue, Mayotte est d'ores et déjà suffisamment différenciée. Nous voulons donc éviter, comme cela se voit trop souvent avec les outre-mer, que lorsque le gouvernement pose des questions auxquelles il n'entend pas répondre, il vienne nous titiller sur les questions institutionnelles, auxquelles nous avons déjà répondu et sur lesquelles nous n'entendons pas revenir.
Différents programmes et actions octroient beaucoup d'argent et de moyens pour accompagner le développement des outre-mer. Vous avez dit que la création d'emplois devait passer essentiellement par les carnets de commandes. Or, à Mayotte, l'État, qui est compétent en matière de route nationale, n'est même pas fichu d'élargir un pont de 2 mètres de large ! De tels propos sont difficiles à entendre…
Les moyens pour accompagner le développement de Mayotte existent donc mais, pour redresser les finances publiques, l'État s'appuie sur les collectivités les plus en retard pour faire des économies et en financer d'autres – je fais allusion, en particulier, aux questions liées à la dotation destinée à Mayotte au titre des fonds européens. Le gouvernement est-il déterminé à nous allouer cette dotation ?
Mme Le Pen a provoqué un débat sur la question de la captation des investissements qui doivent avoir lieu dans l'Est africain. Je me réjouis du positionnement qui a été choisi en faveur de Mayotte. Toutefois, Mayotte demeure inquiète. Le projet de loi 4D présente sans doute des dispositions intéressantes, je pense notamment à la réforme de la loi relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral, dite loi littoral, qui nous empêche de développer le tourisme. Sans doute les compétences du préfet devront-elle être élargies mais, pour l'essentiel, nous considérons que l'avenir de ce territoire repose d'abord sur le rattrapage économique et social, et la réforme des codes de la santé publique, de la sécurité sociale, du travail, de l'aide sociale et des familles. Nous vous attendons sur ces questions avec beaucoup d'impatience.
Comme je tiens, à ce stade, à vous faire confiance, je m'associe aux vœux de bonheur formulés par nos collègues Lorion et Quentin. Sans doute votre bonheur passe-t-il également par l'adhésion des Mahorais à la politique du Gouvernement !