Intervention de Jean-Marie Cavada

Réunion du jeudi 16 septembre 2021 à 9h30
Mission d'information sur l'application du droit voisin au bénéfice des agences, éditeurs et professionnels du secteur de la presse

Jean-Marie Cavada, président de l'IDFR et ancien député européen :

Je souhaite effectuer une mise en perspective. Le travail accompli par les parlements européen et français constitue la première pierre dans le changement de l'écosystème de presse. Il ne s'agit pas de venir mendier ou pleurer devant l'opinion publique (encore que la presse ait peu parlé de ses soucis dans ses propres colonnes, ce qui est d'ailleurs assez étrange). Il est question ici de modifier l'économie de ces métiers de la démocratie. Il est vrai que ces entreprises sont, pour la plupart, capitalistiques, avec des coûts, des recettes, des bilans. Mais la France est l'un des rares pays dont la presse est soutenue par l'État (sans que ce dernier, fort heureusement, soit propriétaire des entreprises ou interfère dans leurs contenus), tandis qu'aucun de ses grands groupes de presse ne possède de titres à l'étranger. Les Allemands possèdent de la presse en France, tout comme les Belges ou les Italiens. De la même manière, les groupes audiovisuels, qui seront d'ailleurs invités à participer à nos travaux, n'ont pas d'influence extérieure. Il y a là une anomalie.

Je ne comprends pas au nom de quoi, jusqu'à présent, cet écosystème n'a pas permis à quelques très grands groupes de presse français de devenir leaders dans d'autres pays européens. Notre marché des consommateurs et de la publicité est bon pour des groupes européens possédant des titres en France. Je pense notamment à l'excellent investisseur que constitue monsieur Kretinsky. La France est victime d'une atrophie. L'action conjuguée de la loi, de l'Autorité de la concurrence et du bras séculier que constitue l'union la plus large possible des entreprises de presse, doit changer les données économiques. Il n'y a pas assez d'argent injecté dans la presse française pour le travail qu'elle fournit, ce qui l'empêche d'acheter à l'étranger, et d'étendre son influence et ses capacités économiques. C'est cela que nous souhaitons corriger.

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