Intervention de Valérie Beauvais

Réunion du mardi 22 septembre 2020 à 17h35
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Beauvais :

La filière betteravière est confrontée depuis la fin des quotas à une très forte dégradation des marchés qui entraîne une baisse significative de la rémunération des betteraves aux producteurs et des résultats financiers délicats pour les groupes sucriers.

À cela s'ajoute une forte pression parasitaire de pucerons verts, qui se traduit par une perte de rendement estimée par l'ITB entre 30 % et 50 % dans les zones infectées. Dans ces conditions, l'interdiction d'utiliser les néonicotinoïdes a de lourdes conséquences économiques et environnementales.

En effet, les alternatives à l'usage de ces produits, plus coûteuses – de l'ordre de 100 euros par hectare en moyenne – et moins efficaces semblent avoir un impact environnemental négatif car un plus grand nombre de traitements est nécessaire. La question de la pertinence de l'interdiction des insecticides sur l'enrobage des semences se pose donc. Il convient de noter à ce propos que douze États européens producteurs de betteraves sur dix-neuf ont eu recours à des dérogations pour l'utilisation desdites semences, contrairement à la France.

Dans ces circonstances, ce projet n'est pas « anti-environnemental » pour les raisons suivantes.

Il s'agit d'autoriser une semence enterrée et non de pulvériser un produit phytosanitaire. La betterave ne produisant pas de fleur, les abeilles ne la butinent pas. En outre, si aucune dérogation d'utilisation des néonicotinoïdes n'est appliquée, l'ensemble de la filière sera affecté avec pour conséquence une diminution des revenus des agriculteurs – la perte est estimée à plus de 1 300 euros par hectare –, des territoires ruraux délaissés et une augmentation des importations de sucre.

J'ajoute que ce projet de loi ne prévoit qu'une dérogation limitée, dans son objet et dans le temps, et compte tenu des circonstances sanitaires, ce qui n'a rien d'apocalyptique. Il constitue une réponse pragmatique qui donnera à la filière de la betterave les moyens de lutter efficacement, en l'absence de toute autre solution alternative en l'état, contre un danger sanitaire – la jaunisse de la betterave – qui perdurerait dans un contexte climatique très aggravant de sécheresse.

Le groupe Les Républicains avait déjà défendu cette exception pour la betterave lors du débat sur le projet de loi dit « ÉGALIM ». Nous soutiendrons donc ce texte, attendu par de nombreux agriculteurs producteurs de betteraves.

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