Nous sommes d'accord pour reconnaître que la filière betteravière se trouve en grande difficulté. Comme le disait très justement notre collègue Mme Valérie Beauvais, elle est confrontée au problème de la jaunisse, qui résulte d'un aléa climatique, et à un problème structurel depuis qu'elle n'est plus soumise aux quotas sucriers qui, durant des années, ont assuré sa prospérité.
D'autres filières, en France, subissent aujourd'hui des aléas climatiques. Nous sommes ici plusieurs députés issus de régions d'élevage, où une dramatique sécheresse a durement frappé nos éleveurs. Nous sommes également plusieurs à savoir combien les producteurs de lait souffrent d'une absence de régulation, faute de quotas. Il convient donc d'élargir notre spectre pour prendre les bonnes décisions.
Le texte que vous présentez permettra-t-il de répondre aux problèmes de court, moyen et long termes ? Nous considérons que vous faites fausse route. Ce que vous proposez est un recul pour l'environnement, la biodiversité et l'agro-écologie.
Nous risquons en effet d'ouvrir la boîte de Pandore. Vous dites que vous ne signerez aucun arrêté visant un secteur autre que celui de la betterave, sauf que rien ne nous le garantit, pour des raisons constitutionnelles qui sont d'ailleurs parfaitement compréhensibles.
Je sais combien la décision est compliquée à prendre dans un cas pareil et je souhaite faire quelques propositions.
Nous proposons de nous diriger vers un système de compensation économique. Vous l'avez écarté, monsieur le ministre, mais un débat en la matière serait salutaire. D'autres pays, en effet, s'y sont essayé. En 2008, l'Italie a réussi à instaurer un système associant les producteurs de maïs, sur 50 000 hectares, pour accompagner cette transition et compenser le manque à gagner. Ce pays nous a montré que c'était une voie de succès. Nous proposons donc qu'un fonds de compensation soit financé par une augmentation de la taxe sur les produits phytosanitaires, ce qui aurait politiquement du sens.
En outre, nous proposons de reprendre résolument le cap de la réduction de notre dépendance à la phytopharmacie en relançant le plan Écophyto, avec de vrais financements pour les fermes DEPHY et un accompagnement en termes de formation des agriculteurs.
Le temps est venu non de reculer, mais d'accélérer en matière d'agro-écologie.