Intervention de Sophie Auconie

Réunion du mardi 22 septembre 2020 à 17h35
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Auconie :

Chacun d'entre nous aurait préféré ne pas avoir à se réunir pour réviser une interdiction votée voilà quatre ans. Je rejoins sur ce point Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, et je regrette vivement que la loi de 2016 n'ait pas été mieux appliquée en raison notamment d'un manque de suivi des recherches alternatives à ces produits phytopharmaceutiques.

Si le groupe UDI et Indépendants soutient ce projet de loi, ce n'est pas de bon cœur. Si les betteraves sont récoltées avant la floraison, la faible biodégradabilité des néonicotinoïdes provoque la diffusion de cette molécule dans les sols, notamment, où elle atteint des populations d'être vivants qui n'étaient pas ciblées.

Nous voterons cette dérogation car, si nous ne le faisons pas, cette filière d'excellence française qu'est la filière sucrière sera démantelée. La France est le premier producteur européen de sucre de betterave et l'un des premiers exportateurs. Les rendements s'annoncent catastrophiques pour certains producteurs eu égard à la conjoncture environnementale. Nous sommes à la veille de perdre un fleuron de notre économie agricole mais, aussi, des emplois industriels : en tout, ce sont 46 000 emplois qui sont en jeu.

Si nous voulons les sauvegarder, nous ne pouvons agir durablement en si peu de temps. Notons tout de même que dix États membres de l'Union européenne ont accordé des dérogations permettant l'usage de néonicotinoïdes en 2020. Il n'est pas question de dire que nous devons le faire parce que nos voisins le font mais de comprendre que nous ne pouvons pas mettre les agriculteurs français en difficulté face à leurs concurrents européens. M. le Président de la République Emmanuel Macron s'y est engagé : pas de sur-transpositions.

Si nous laissons cette filière mourir, la France devra à terme importer du sucre de betterave de ses voisins européens qui autorisent l'utilisation des néonicotinoïdes : ce serait une hérésie, sur le plan tant économique qu'environnemental – notamment en raison des émissions de gaz à effet de serre liées aux transports et du bilan carbone que cela engendrerait. C'est pourquoi le groupe UDI et Indépendants considère que nous ne pouvons pas nous passer d'une telle dérogation, mais qu'il faut qu'elle soit limitée dans le temps et restreinte, comme s'y est engagé le Gouvernement, à la seule culture de la betterave sucrière ; nous serons en outre attentifs au suivi de l'application de la loi et veillerons à ce que l'on procède au plus vite à la recherche d'autres solutions.

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