Intervention de Matthieu Orphelin

Réunion du mardi 22 septembre 2020 à 17h35
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMatthieu Orphelin :

Que disent les scientifiques ? Que le retour des néonicotinoïdes, même limité à la betterave, est tout sauf accessoire. Le constat fait consensus parmi eux : l'usage des néonicotinoïdes est un désastre pour la biodiversité et pour les écosystèmes, quelles que soient la dose et la technique utilisées. Ces substances se diffusant à plus de 80 % dans les sols, l'argument concernant les fleurs de betteraves est fallacieux. Les conséquences pour la nature sont immenses. Et sans biodiversité, pas d'agriculture !

Or il existe, monsieur le ministre, d'autres solutions, à commencer par des solutions économiques. Au groupe Écologie, Démocratie, Solidarité (EDS), nous ne partageons pas votre analyse ; nous pensons qu'il est possible de couvrir à 100 % pendant trois ans les pertes des agriculteurs grâce au renforcement du fonds de mutualisation existant. On pourrait aussi mettre en place, sur le modèle italien, une assurance récolte garantie par l'État afin de couvrir les pertes lorsque de telles situations surviennent. Quant aux risques qui pèseraient sur l'industrie du sucre, considérons que 24 % de la production française de betteraves sucrières sert actuellement à fabriquer des biocarburants, et non du sucre : décider d'utiliser les récoltes pour produire du sucre plutôt que des biocarburants pourrait être un choix politique.

Il existe enfin des solutions agronomiques, respectueuses de la nature ; il serait bon d'inciter les agriculteurs à changer de modèle plutôt qu'à recourir de manière préventive aux néonicotinoïdes, quelles que soient les surfaces concernées et les pertes avérées. Permettez-nous de ne plus croire aux promesses du Gouvernement en la matière. Des promesses, il y en a eu tellement – chacun dans cette commission s'en rappelle : concernant le glyphosate, concernant l'interdiction de produire en France les pesticides dont l'usage est interdit chez nous, concernant l'huile de palme… Il est normal que nous soyons inquiets de n'avoir de votre part, sur ce sujet, qu'un engagement oral.

Chers collègues, c'est aujourd'hui probablement la dernière fois d'ici à la fin de la législature que nous aurons l'occasion de voter sur ces questions de biodiversité. Ne la loupons pas ! Pour notre part, nous voterons contre la réintroduction des néonicotinoïdes.

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