Intervention de Julien Denormandie

Réunion du mardi 22 septembre 2020 à 17h35
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Julien Denormandie, ministre :

Madame la députée, je tiens d'abord à vous apporter mon soutien républicain : l'intrusion, dans les élevages comme chez les parlementaires, n'est pas acceptable.

Vous évoquez la moutarde, mais deux spécificités distinguent cette culture de celle de la betterave. Je laisse délibérément de côté le caractère mellifère ou pas, mon propos ne portant pas sur les aspects écologiques – je ne nie absolument pas les conséquences dans ce domaine. La deuxième spécificité c'est qu'elle ne dépend pas du même outil de production que le sucre. Certes, comme j'ai pu le constater en me rendant il y a deux jours en Côte-d'Or, la situation de la filière de la moutarde est très difficile et il faut soutenir cette filière d'excellence. Mais notre souveraineté, qui impose de ne pas arrêter de produire du sucre à cause de la fermeture des sucreries, n'est pas en jeu avec la culture de la moutarde. Si les agriculteurs ne plantent pas de betteraves une année, les sucreries fermeront l'année suivante. Nous pourrons ensuite nous lamenter, nous n'en continuerons pas moins à manger du sucre, mais il ne sera plus produit en France.

S'agissant des abeilles et de la pollinisation, je me suis engagé le 6 août dernier à ce que le Gouvernement présente un plan Pollinisation avant la fin de l'année. Par exemple, les espaces gérés par les établissements publics fonciers, qui restent à l'abandon pendant des années dans l'attente d'un projet futur, pourraient devenir de fabuleux lieux de pollinisation. Nous présenterons donc un plan avec Mme Barbara Pompili avant la fin de l'année ; j'aurai grand plaisir à y travailler avec vous.

Monsieur Cédric Villani évoquait les sucreries, dont le rendement aurait baissé de 15 %. Attention, il y a le chiffre donné par les sucreries et le chiffre sorti de sucrerie, qui tient compte de la teneur en sucres, pas uniquement des volumes. Mais, encore une fois, les comptes d'exploitation des sucreries ne constituent pas le cœur du problème. Si les betteraves ne sont pas plantées, quoi que nous fassions, les sucreries ne tourneront pas l'année suivante et devront fermer. Il sera ensuite très difficile de relancer la filière.

Dans ce débat, je vous demande de me faire confiance sur deux points. Dans tous les bilans, notamment le bilan écologique, les comparaisons doivent prendre pour référence l'existant. Cette année, les substances autorisées ont été le Movento et le Teppeki. Les agriculteurs les ont utilisées bien au-delà des doses habituelles, et tout le monde aurait fait de même en voyant son exploitation ravagée. Les taux de rémanence, voire d'infiltration, de ces substances, sont significatifs. D'autres molécules – autorisées – sont également utilisées, car les agriculteurs cherchent la solution.

En second lieu, cette demande de dérogation que nous pourrons utiliser comme nos voisins européens ne résume pas notre stratégie d'accompagnement pour trouver les solutions. Dès le 6 août, j'ai annoncé que nous investissions 5 millions d'euros dans un plan de recherche, que nous mettions en place un plan de prévention avec les agriculteurs et que nous présenterions un plan de pollinisation d'ici à la fin de l'année. C'est cette vision d'ensemble que je vous propose.

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