Je suis bien placée pour le savoir, lorsqu'on s'engage dans le métier d'agriculteur, on le fait en pleine connaissance des aléas climatiques et sanitaires. Bon nombre d'agriculteurs subissent chaque année des pertes qui atteignent la moitié de leur production, en agriculture biologique ou conventionnelle, sans disposer des produits permettant de pallier les baisses de rendement dues à ces aléas. Le propre de l'agriculteur est de connaître ses cultures et d'être en mesure de s'adapter à son environnement.
Déroger à l'interdiction des néonicotinoïdes ne va pas résoudre le problème des pucerons aujourd'hui, ni les problématiques sanitaires à venir. Comment autoriser des dérogations sans rien savoir du climat hivernal à venir ? À qui, quand et comment ces dérogations seront-elles accordées ? Quid de la rémanence des produits dans le sol ? Serait-il possible de cibler des néonicotinoïdes moins rémanents que d'autres, sachant que la demi-vie de certains atteint 1 000 jours ?
Toutes ces questions ne sont pas réglées. Ce matin encore, avec d'autres parlementaires, nous avons rendu visite à des producteurs, certains conventionnels, d'autres en agriculture biologique. Tous disent que le rendement a été excellent certaines très bonnes années, et que c'est plus compliqué certaines autres : 2020 est plus difficile. Doit-on pour autant autoriser des dérogations pour les années à venir ? Je ne le crois pas et c'est pourquoi je propose la suppression de cet article.