C'est un bonheur de pouvoir arrêter la marche forcée du présent, emportant comme trop souvent la vie politique dans la succession des textes et des actualités, le temps de réfléchir avec vous sur les enjeux de l'avenir. Notre commission a beaucoup à dire à propos des sujets inscrits sur votre feuille de route : la vitalité et l'indépendance de la France, et une société fondée sur la justice. Le terme de développement durable désigne une réponse aux besoins du présent qui ne compromette pas la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Il repose à la fois sur un pilier environnemental, un autre social et un troisième économique. Nous recherchons, comme vous, par nos travaux, un développement économique qui améliore le quotidien de nos concitoyens et qui, fondé sur un usage des ressources en harmonie et en équilibre avec les autres pays du monde, nourrisse nos territoires en assurant leur développement juste et équitable.
Nous vivons une période riche du point de vue de l'évolution de nos textes environnementaux. La semaine dernière, nous votions le projet de loi « climat et résilience » en commission. Demain, le Conseil supérieur de l'énergie (CSE) examinera le texte sur la réglementation environnementale 2020. Hier, vous nous avez communiqué un document interrogeant notre capacité à répondre aux besoins en électricité sans recourir pour plus de moitié au nucléaire.
Dans ce contexte de construction de la transition écologique et énergétique, je voudrais vous interroger sur l'électricité solaire en France. Valorisée dans les discours, l'autoconsommation photovoltaïque s'avère fort peu encouragée dans la pratique. Quant à l'énergie solaire thermique, on l'oublie bien souvent. La fantastique opportunité industrielle de l'énergie solaire demeure en sommeil. Nos entreprises françaises, jadis leaders internationaux, se réduisent hélas trop souvent à l'ombre d'elles-mêmes.
Huit cent vingt-sept mégawatts de panneaux solaires ont été installés en France l'année dernière. Tous fabriqués en Chine à l'aide d'une électricité fortement carbonée, ils se composent de silicium, le deuxième élément le plus abondant dans la croûte terrestre, qui a pourtant été transporté d'un bout à l'autre de la planète. Leur production en France aurait un impact carbone bien moindre. Le nucléaire français pourrait-il se mettre au service de la décarbonation de la fabrication du silicium et de panneaux photovoltaïques, dans l'intérêt de la France mais aussi du reste du monde, qui mise principalement sur l'énergie solaire pour relever les défis de l'avenir ?