En mars dernier, le Fontenoy du maritime a été l'occasion de réaffirmer un objectif : faire de la France l'un des leaders du transport maritime. Les perspectives sont importantes, puisque le commerce mondial devrait croître de 45 % au cours de la décennie. Ce dessein ne doit pas pour autant nous détourner d'une autre ambition : engager le transport maritime dans la transition écologique. À cet égard, il faut veiller à ce que les compagnies de ferries assurant une délégation de service public entre le continent et la Corse soient intégrées au dispositif proposé. Je sais notre rapporteur pour avis très sensible à ce sujet.
Le Gouvernement a souscrit à de nombreux engagements lors du Fontenoy du maritime, dont certains trouvent leur traduction dans le projet de loi de finances. Je pense en tout premier lieu à la simplification des critères d'éligibilité au suramortissement vert prévu à l'article 8. Cette mesure vise à permettre aux armateurs d'accélérer leur transition écologique afin que la flotte française soit la plus verte du monde.
En ma qualité d'insulaire, je sais à quel point les navires polluants peuvent constituer une nuisance pour les habitants des villes portuaires. J'ai d'ailleurs interpellé à plusieurs reprises le Gouvernement sur la pollution de l'air provoquée par le transport maritime. Aussi suis-je favorable à toute mesure tendant à verdir les flottes. À ce propos d'ailleurs, le maire de Nice envisage d'appliquer une taxe de 60 euros par véhicule aux passagers qui se rendent en Corse en ferry. Ce n'est pas la bonne réponse : cela ne ferait que prendre en otage l'économie de la Corse en déplaçant le problème vers les ports de Gênes et, éventuellement, de Toulon.
Au-delà de la performance énergétique des navires, il me semble nécessaire de réfléchir aux moyens d'optimiser les flux de marchandises. L'innovation technologique a un rôle déterminant à jouer en la matière. Ainsi, on estime qu'on pourrait obtenir, à l'échelle de l'Union européenne, un gain d'efficacité de 10 à 30 % dans le secteur de la logistique grâce à la technologie numérique, qui permettrait de diminuer de 15 à 30 % les émissions de CO2. Un soutien renforcé à la numérisation et aux nouvelles technologies est donc lui aussi indispensable pour accroître l'efficacité des transports maritimes et aboutir à un verdissement du secteur. Ce point est, me semble-t-il, un angle mort de la politique actuelle.