Je partage tout à fait le point de vue de Liliana Tanguy sur la nécessité de retrouver un sentiment d'appartenance à l'Europe et cela n'est pas contradictoire avec l'attachement que l'on peut avoir pour notre pays, c'est même complémentaire. Je suis, à l'instar de Joaquim Pueyo, un Européen convaincu et c'est une des raisons de mon engagement public. Un des objectifs de ces conventions démocratiques, c'est justement de développer et de conforter le sentiment d'appartenance européenne.
Bien sûr, il faut faire de l'histoire, mais cela ne suffit pas, notamment vis-à-vis des jeunes générations. Nous sommes tous ici des générations d'après-guerre, mais nous sommes aussi plus sensibilisés que les plus jeunes à cette question centrale d'Europe de la paix. Aux jeunes qui n'ont pas connu d'autre monnaie que l'euro, qui n'ont pas connu les frontières nationales et qui ont l'habitude de communiquer sur les réseaux sociaux avec leurs amis et leurs voisins européens, il ne faut pas seulement leur parler d'histoire. Il faut leur montrer en quoi l'Europe est un avenir pour eux ; montrer aux apprentis, par exemple, et pas seulement aux étudiants, qu'apprendre l'allemand pourra peut-être leur permettre de trouver du travail en Allemagne.
J'aimerais dire à notre collègue Marguerite Deprez-Audebert qu'elle a totalement raison : il faut que l'Éducation nationale s'implique. C'est la raison pour laquelle j'insiste sur le fait que ce que nous proposons dans notre rapport, ce n'est pas un kit de mesures à appliquer pour régler tous les problèmes. Il faut, pour cela, qu'il y ait une volonté politique partagée par tous. Vous connaissez la formule, quand il y a une volonté politique, il y a un chemin… Bien sûr il y a des difficultés à surmonter mais il nous faut regarder lucidement les choses. Regardons ce qui se passe chez certains de nos voisins européens où des mouvements populistes font des scores électoraux très importants sur des positions très antieuropéennes. On ne peut pas rester bras croisés devant cela et, comme dit le proverbe chinois, « il est plus tard que tu ne le crois ». Bien entendu, il faut qu'un budget soit associé à une telle ambition. Nous voulons par exemple qu'il y ait une consultation numérique de grande ampleur. Il faut donc allouer à ce projet de véritables moyens.
Je veux également dire à Damien Pichereau que nous entendons évidemment associer les maisons de l'Europe : il ne s'agit pas de rejeter en bloc tout ce qui a pu être fait et testé auparavant mais je veux insister sur le fait que ce qui a été fait jusqu'à aujourd'hui n'est pas suffisant. L'Europe souffre d'un déficit démocratique, pâtit de l'ignorance des citoyens sur ce qu'elle fait. Je pense qu'il est facile de s'exonérer de nos responsabilités en rejetant la faute sur les autres, mais ce n'est pas satisfaisant. Si nous, députés nationaux, prenons l'initiative d'appeler l'eurodéputé de notre circonscription pour l'inviter à s'associer à la mobilisation, je serais très étonné qu'il ne donne pas suite… Il nous faut prendre nos responsabilités et agir tous ensemble. Je le dis en insistant d'autant plus que nous sommes ici des parlementaires de plusieurs sensibilités, ce n'est pas une tâche facile et si on ne se mobilise pas, cela ne fonctionnera pas.