Intervention de Antoine Herth

Réunion du mercredi 27 mai 2020 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Herth :

Lorsqu'il était ministre de l'agriculture, M. Bruno Le Maire s'est battu pour maintenir des financements européens pour l'aide alimentaire, et on peut aujourd'hui s'en réjouir. À l'inverse, il est regrettable que le programme « Un fruit pour la récré » ne rencontre aucun succès. Il existe des dispositifs d'aide alimentaire non utilisés : c'est une piste pour aider les plus démunis.

Le secteur ovin, déjà évoqué, est celui qui a le plus connu une amélioration de ses revenus, grâce à la redistribution des aides de la politique agricole commune (PAC) décidée par M. Stéphane Le Foll. En revanche, il faudrait regarder quel est l'impact de la perturbation de l'Aïd cette année sur ce marché très saisonnier. Le groupe de travail sur les questions agricoles et alimentaires s'est-il intéressé à cette question ?

Je m'interroge sur le niveau d'intervention choisi. L'Eurométropole de Strasbourg a accompagné 14 000 foyers en situation de précarité alimentaire, notamment parce que les enfants n'allaient plus à la cantine, où ils pouvaient manger pour 1,50 euro par jour. Faut-il un dispositif national, comme nous y sommes habitués en France, ou au contraire décentralisé ? En Allemagne, État fédéral, les choses ont plutôt bien fonctionné. La crise du covid-19 devrait peut-être nous inciter à revoir notre modèle de fonctionnement. Le Gouvernement a mis 39 millions d'euros dans l'escarcelle, et des collectivités se sont également mobilisées. Il existe des moyens de réponse auxquels nous ne sommes pas accoutumés mais qui sont peut-être beaucoup plus efficaces. Regardons concrètement ce qui se fait.

En ce qui concerne la baisse de revenu des ménages, je constate que l'appel aux travailleurs saisonniers pour la récolte des produits de saison a suscité 500 candidatures dans le Bas-Rhin, mais que seulement 70 contrats ont été conclus. Afin de revenir à une agriculture plus autonome et plus locale, il faudra avoir des bras pour ramasser les produits dans les champs.

Je ne me retrouve pas dans l'article 3 de la proposition de loi, qui balaie d'un revers de la main l'ensemble du code de la concurrence. Il faut rappeler un chiffre : la part du pouvoir d'achat consacrée à l'alimentation est passée de 25 % à 12 % en quarante ans. Un effort important a déjà été fait pour permettre à chacun de s'alimenter dans de bonnes conditions. Ne mettons pas à bas, sous l'effet d'une crise ponctuelle, tout un édifice construit pendant de longues années. Je partage l'analyse de M. Jean-Baptiste Moreau : il faut améliorer les dispositions de la loi ÉGALIM, qui vont dans la bonne direction, et compter sur l'Union européenne, dont la PAC sera redéfinie dans les prochains mois, au lieu de se replier sur le cadre national.

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