Intervention de Laurent Berger

Réunion du jeudi 28 mai 2020 à 15h00
Commission des affaires économiques

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT :

Cette crise a mis en lumière des réalités sociales telles que la persistance voire l'accroissement des inégalités, la nécessité de services publics répondant aux besoins des citoyens et la vulnérabilité d'un certain nombre de citoyens et de travailleurs. Elle a aussi montré que nous pouvions travailler différemment.

Cette crise a aussi mis en lumière des réalités économiques. Elle a tout d'abord révélé l'absence de filière stratégique au niveau national et européen ainsi que la dépendance des entreprises à la puissance publique. Elle a aussi montré la capacité de certaines entreprises à faire évoluer leur modèle de production pour faire face à l'urgence. Cette crise a également souligné l'importance des industries de l'art de vivre, dont les citoyens comme les entreprises ont été privés.

Il faudra se souvenir que nos amortisseurs sociaux ont fonctionné et fait preuve d'une capacité d'adaptation insoupçonnée. Si les protections sociales ont parfois montré des failles, elles ont aussi affiché leur solidité.

Je ne reviendrai pas sur les inégalités de travail que cette crise a provoquées entre ceux qui étaient en chômage partiel, ceux qui étaient en télétravail, et ceux qui étaient en première ligne et complètement exposés.

Je retiendrai plutôt que cette crise a mis en exergue la nécessité de se parler, de négocier, de discuter. Les entreprises qui ont été les plus à même de faire face à cette crise sont celles où le dialogue social et le dialogue économique ont pu se développer correctement.

La sortie de crise nécessitera des mesures pour répondre aux situations d'urgence et assurer notamment la protection des personnes les plus fragilisées. Les chiffres du chômage sont là pour nous rappeler la difficulté de la tâche.

Dans ce contexte, la CFDT propose de continuer à protéger les salariés dans la reprise d'activité. Il sera également nécessaire de valoriser le travail, qui a trop souvent été ignoré et dont l'utilité nous a été rappelée durant ce confinement.

Pendant cette crise, le soutien de l'État aux entreprises a été important. Il faut veiller à ne pas précipiter la fin des mesures de soutien sans solutions alternatives. Il pourrait s'agir, plutôt que de procéder à des licenciements massifs, de privilégier le dialogue social et la formation pour sauvegarder les emplois.

Cette crise provoquera un choc sur l'emploi, mais aussi sur le travail. Je suis persuadé que le télétravail sera un sujet central dans les semaines et les mois à venir.

Outre le traitement des situations d'urgence, il faudra s'interroger sur le pacte social que nous sommes capables de reconstruire dans notre pays pour articuler les enjeux économiques, sociaux, et environnementaux. Cette crise pourrait même être vue comme une opportunité de s'interroger sur la transition écologique et ses conséquences en termes d'emploi et d'évolution de notre modèle productif.

Les réponses qui seront apportées à ces interrogations devront associer les citoyens, les acteurs économiques, etc., sinon, cette crise débouchera sur une crise démocratique.

La situation à venir sera difficile et favorisera les postures et les commentateurs, d'autant plus que cette crise est totalement inédite et qu'il n'existe aucune réponse toute faite. Nous devrons donc faire fonctionner l'intelligence collective au plus près des réalités, dans les entreprises, en fixant un cap clair.

Le risque serait de vouloir centraliser des solutions toutes faites. Il faut au contraire renforcer le dialogue social, voire conditionner certaines aides à la qualité de ce dialogue social.

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