Intervention de Yves Veyrier

Réunion du mercredi 3 juin 2020 à 9h30
Commission des affaires économiques

Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière :

Incontestablement, un grand nombre de métiers essentiels sont occupés par des femmes. Cela étant, je ne partage pas tout à fait votre analyse consistant à penser que c'est parce que ces métiers sont pratiqués par des femmes, qu'ils sont moins bien considérés et rémunérés. Je pense malheureusement que c'est l'inverse : parce qu'ils sont peu rémunérés, ces métiers sont majoritairement occupés par des femmes.

La position de FO sur ces métiers féminisés était engagée bien avant la crise. Dès mon élection en fin 2018, nous avons lancé une campagne « de la reconsidération des métiers de services à la personne », nous référant à cette occasion aux salariés de particuliers employeurs et d'établissements médico-sociaux. Nous pensons que cette campagne devrait être menée aujourd'hui sur un périmètre plus large, en incluant les métiers de la chaîne alimentaire et du nettoyage. Nous plaidons pour une revalorisation portant sur les qualifications et les compétences requises, et un repositionnement sur l'échelle des rémunérations. Si nous y parvenons, un rééquilibrage entre les femmes et les hommes sur ce type d'emplois interviendra.

Le télétravail comporte un grand nombre de dimensions sur lesquelles œuvrer. Celle de la fracture numérique sur les territoires est importante, mais d'autres fractures existent parmi la population, par exemple entre cadres bien logés et salariés occupant un petit appartement avec un environnement familial très présent. Il y a donc matière, pour un accès plus large au télétravail, à négociation à tous les niveaux. Le télétravail peut s'entendre aussi dans des espaces de coworking, ce qui pose d'autres questions en matière de santé, sécurité et coûts.

En situation de confinement strict, toute activité non indispensable me paraissait devoir être stoppée, d'autant que nous ne disposions pas des moyens de protection suffisants. Sur la vente à distance avec Amazon, le différend portait plutôt sur l'attitude de l'employeur vis-à-vis de la santé des salariés.

Nous n'avons pas la conviction que le partage du temps de travail constituerait une solution pertinente. Il ne faut cependant pas confondre partage du temps de travail et partage des richesses. Nous sommes favorables au respect des trente-cinq heures. La loi n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels, dite « Travail » tout comme les ordonnances publiées par l'actuelle majorité, ont permis de déroger à la durée hebdomadaire du travail en ne rémunérant pas aussi bien les heures supplémentaires. Nous militons donc pour un respect systématique de la durée hebdomadaire du travail, le paiement effectif des heures supplémentaires et un meilleur partage des richesses.

Nous avons en outre une vraie inquiétude sur le devenir du multilatéralisme. FO milite pour que l'Organisation internationale du travail (OIT) reste au cœur des échanges à l'échelle internationale et au niveau européen. Il ne faut pas que le moins-disant social en matière de localisation du travail et d'emploi prévale, y compris en Europe. Je rappelle que les dernières mobilisations européennes portaient sur la directive « Détachement », qui ne prévoit pas d'alignement sur le coût du travail dans son ensemble.

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