Intervention de Philippe Mauguin

Réunion du mercredi 29 juillet 2020 à 9h35
Commission des affaires économiques

Philippe Mauguin :

L'INRA a mis en place un consortium sur le biocontrôle unique en Europe, associant instituts techniques, PME, grands groupes et start-ups et mobilisant près de cent cinquante de nos chercheurs. Son action s'apparente à une course entre gendarmes et voleurs car les insectes ravageurs ont tendance à augmenter à cause du dérèglement climatique et des échanges internationaux.

Une étude très intéressante, publiée l'année dernière, sur le potentiel de stockage de carbone des sols agricoles et forestiers français pourrait servir de base pour orienter, dans chaque région de France, les stratégies du 4 pour 1 000 et mobiliser des fonds dans le cadre de la politique agricole commune (PAC).

Pour l'Afrique subsaharienne, d'importants financements français et européens ont été débloqués afin de soutenir la transition agro-écologique. Je propose que nos chercheurs viennent appuyer les actions des partenaires africains et du CIRAD.

La situation sociale et économique des agriculteurs mobilise bien sûr nos équipes. Le rapport que nous venons de remettre au ministre de l'agriculture, qui décompose finement leurs revenus, permet de mieux comprendre l'incidence de l'évolution des prix, des aides, des coûts de production, la ventilation entre exploitation et ménage.

La situation des chercheurs n'est peut-être pas aussi dramatique que vous le dites, Monsieur Turquois. Espérons que le plan de relance du Gouvernement ne concernera pas seulement les écoles et l'université mais aussi la recherche et qu'il sera l'occasion de transformer nos passoires énergétiques en bâtiments bioclimatiques. Avec la LPPR, qui permettra d'augmenter les indemnités et les revenus des chercheurs, cela devrait contribuer à rendre ces métiers durablement attractifs.

Nos recherches vont de l'eau verte à l'eau bleue : amélioration de la résistance des plantes au stress hydrique, renforcement de la performance des systèmes d'irrigation, expertise dans la gestion des bassins versants et de l'utilité des différentes formes de retenues.

En matière de souveraineté alimentaire, notre institut peut contribuer à mettre au point des schémas stratégiques, après identification des points forts et des points faibles comme les protéines végétales, et aider à la reconquête de certains segments dans le cadre d'un modèle durable mais aussi solidaire.

Monsieur Moreau, je suis d'accord avec vous sur la difficulté à prendre en compte les faits scientifiques dans le débat public. Notre institut se tient à la disposition des pouvoirs publics pour apporter son expertise. Il l'a fait, par exemple, pour évaluer l'impact de traités bilatéraux.

Je n'ai jamais dit qu'il était possible de réduire les phytosanitaires d'un coup de baguette magique. Nous prenons soin de présenter les solutions de transition avec les coûts qu'elles impliquent car nous sommes conscients des risques que les agriculteurs doivent prendre. La question est de savoir comment nous pouvons accompagner les chambres d'agriculture, les instituts techniques, les pouvoirs publics. Et nous savons aussi qu'une réduction de 50 % et plus nécessite un changement de système de production, ce qui est encore moins facile. Nous essayons d'accompagner les filières pour trouver des solutions de biocontrôle, notamment en collaboration avec le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL).

Je ne manquerai pas de faire part de vos commentaires à toutes nos équipes, Monsieur Liogier.

Les prix des fruits et légumes sont très difficiles à stabiliser, car ils dépendent fortement du climat et de la demande des consommateurs. Nos équipes prêtent une attention particulière à leur commercialisation.

Pour alléger les difficultés financières de la station expérimentale de Creysse, nous avons revu notre protocole de propriété intellectuelle afin d'augmenter la part des redevances qui lui revient. Cela ne suffit pas et le ministre va regarder de près sa situation. Nous sommes toujours prêts à accompagner ce partenaire historique pour mener des projets de recherche en collaboration avec le CTIFL. Nous pourrons répondre ensemble à des appels d'offres de FranceAgriMer, susceptibles de lui apporter de nouveaux financements.

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