Au sein du conseil d'administration d'Engie, l'État a soutenu les orientations stratégiques du groupe – c'est décisif s'agissant de l'actionnaire non de contrôle, mais le plus important, qui ne détient en l'espèce pas moins de 22 % du capital et est associé à la préparation de ces orientations stratégiques. Le ministre a réaffirmé publiquement il y a une quinzaine de jours son soutien à ces orientations – un investissement accru dans les énergies renouvelables et les infrastructures ; elles ne font débat ni dans l'entreprise, ni au-dehors, non plus que la nécessité de les financer en se dégageant de participations désormais uniquement financières. Si l'exercice qui s'est engagé depuis pose, lui, plusieurs questions tout à fait légitimes, notre stratégie n'en soulève aucune. Sans trahir le secret des délibérations du conseil, la position que nous avons prise en jugeant l'offre insuffisante et à améliorer est, elle aussi, soutenue par l'État.
Le dialogue avec celui-ci est très intense et je salue à nouveau la détermination avec laquelle M. Bruno Le Maire cherche à le rétablir entre Suez et Veolia. Pour ma part, je n'y suis pas parvenu – mais ma position est bien plus modeste que celle du ministre de l'économie, des finances et de la relance… – en dépit de mes demandes orales et écrites réitérées à MM. Philippe Varin et Bertrand Camus, que j'ai enjoints de préparer une seconde offre, les assurant que nous les soutiendrions. L'opération va sans nul doute avoir des effets significatifs sur les équipes de Suez ; face à cette situation, on peut soit fermer la porte et jurer que l'on ne dialoguera jamais – jusqu'à ce que, malheureusement, arrive ce qui doit arriver –, soit discuter pour limiter lesdits effets. Depuis dix jours, je négocie avec Veolia les garanties sociales qui vont être données ; je ne suis pas sûr que ce soit mon rôle ; je suis certes actionnaire responsable, mais ne détenant qu'une participation financière, et j'aurais aimé que les équipes de Suez soient à mes côtés pour dire ce qu'elles souhaitaient, ce qui leur paraissait important. J'entendais ce matin encore M. Bertrand Camus, interrogé sur une station de radio, dire « Jamais ! ». Mais, à un moment donné, il faudra bien se rendre à l'évidence et discuter. Comme dirigeant d'un grand groupe français, je doute que la manière dont les deux groupes s'écharpent donne une bonne image de la place de Paris. J'ai appelé avec force au dialogue, mais, pour discuter, il faut être deux. À ce jour, le dialogue n'est pas établi.