Chaque année, 75 millions d'oiseaux sont tués par des chats quand la chasse à la glu représente un quota de 35 000, en diminution d'année en année. Ne venez pas me dire, Monsieur le rapporteur, que la mort des oiseaux est liée à la chasse à la glu. Je pourrais vous suivre, à la limite, si les oiseaux capturés étaient tués ; on pourrait craindre une disparition d'espèces. Or il ne s'agit pas d'une chasse, mais d'une capture sélective : quelqu'un surveille les gluaux et libère les oiseaux qui ne l'intéressent pas – il faut une grive pour la chasse à la grive, capturer les autres oiseaux ne sert à rien.
Qui plus est, on oublie que les postes de surveillance de la chasse à la glu sont utiles, y compris pour la régulation, car les chasseurs à glu sont les seuls à venir dans ces espaces désolés, et à les débroussailler. Ils font par ailleurs d'excellentes vigies contre les incendies, et leur rôle ne s'arrête pas là.
Il ne faut donc pas vendre l'interdiction de la chasse à la glu comme la réponse à la mortalité des oiseaux. Effectivement, certains chasseurs ne respectent pas les règles. Ce sont eux qu'il faut sanctionner, et non interdire la pratique à tous à cause de la faute de quelques-uns.
Quant à l'argument de notre retard par rapport à nos voisins, sa logique m'échappe. Je n'appelle pas à une uniformisation de tous les modes, de toutes les cultures, de toutes les traditions : ce qui fait la richesse de l'Europe, c'est précisément le fait qu'elle est diverse ; ce qui tue l'Europe, c'est l'idée d'en faire un espace aseptisé où chaque pays ne parlerait plus que d'économie et s'efforcerait de ressembler aux autres. Je soutiens que la chasse à la glu n'a rien à voir avec la chasse à courre et que cette tradition ne tue pas les oiseaux.