J'entends parfaitement qu'il faille se fixer des objectifs réalistes, à même de dégager des tendances ; il me semble que c'est ce que nous avons fait dans la loi ÉGALIM. C'est aussi ce que font nos éleveurs : de nombreux exemples montrent à quel point ils ont su s'adapter. Le cas des œufs est assez significatif : nous voulions ramener la part des œufs issus d'élevages en cage à moins de 50 % d'ici à 2022 ; nous sommes déjà à 53 %. Où en est-on dans les pays qui les ont purement de simplement interdits, comme l'Allemagne ? Ils importent 30 % de leurs œufs, et des produits bien moins respectueux des normes que nous nous sommes imposées. Même chose pour le lapin : depuis 2010, l'utilisation d'antibiotiques dans les élevages de lapins de chair a diminué de 70 %.
De nombreux exemples démontrent l'engagement très clair et très concret des filières. Je ne vois pas en quoi les contraindre davantage leur faciliterait le travail. Quand on légifère, il faut aussi savoir faire confiance, en reconnaissant les efforts déjà déployés, en leur montrant qu'on sait les évaluer, les accompagner et financer cette transition.
Il faut aussi prendre en considération l'enjeu de marché. Force est de constater que le marché du porc français ne se développe pas suffisamment. Pourquoi, malgré le Label rouge et le bio, une telle lenteur ? Parce que le prix est forcément plus élevé et que les consommateurs français ne sont pas forcément prêts à payer plus cher, ou n'en ont pas toujours les moyens. Ce n'est pas seulement une question d'accompagnement des filières : il y a aussi un enjeu de marché.
Oui, certaines situations sont intolérables et doivent être dénoncées. Et elles le sont : les filières y sont très attentives, et c'est tout l'enjeu de la trajectoire 2021‑2025 en faveur du bien-être animal, mais il faut aussi faire confiance à nos éleveurs et à nos agriculteurs. Il faut le leur dire, et pas de cette manière-là.