Intervention de Frédéric Descrozaille

Réunion du jeudi 1er octobre 2020 à 15h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Descrozaille :

Vous avez évoqué un point important en répondant à M. Moreau, Monsieur le rapporteur. L'argument de la fierté nationale, c'est très bien, à ceci près qu'il laisse de côté la dimension européenne. Dans le marché unique, vous avez le droit de dire : « Il est frais mon poisson », ou encore : « Il est français mon poisson ». Mais vous n'avez pas le droit de dire : « Il est frais parce qu'il est français, mon poisson »… Aucune entreprise n'a le droit de faire de la publicité sur la réglementation à laquelle elle est soumise. Vous ne pouvez donc pas faire de la pub en disant que vous respectez la loi : ce serait sous-entendre que d'autres ne la respectent pas.

Au motif d'améliorer la qualité, nous n'avons de cesse de légiférer et de réglementer sur la qualité des bâtiments d'élevage – M. Moreau en sait quelque chose. Du coup, les éleveurs n'ont pas eu le temps d'amortir leurs investissements pour les mettre aux normes que les normes ont déjà changé, et qu'ils doivent investir un peu plus… Et qui plus est dans un marché européen où il est interdit de se vanter de sa propre réglementation !

Au Parlement européen, le groupe Renaissance soutient la possibilité de réserver 20 % à 30 % de la commande publique, en volume, à des produits locaux, ce que nous n'avons pas pu écrire dans la loi ÉGALIM alors que nous en avions envie. En attendant que l'on puisse communiquer sur notre réglementation, ne nous pressons donc pas pour définir ce qu'est la qualité dans la loi. La qualité, elle est payée par le marché, sinon, c'est une charge.

Dieu sait si les filières viandent doivent faire des efforts pour s'adapter aux attentes des consommateurs. Je suis le premier à le leur dire : elles doivent penser « usage » et non « carcasse ». Mais les Français devront en effet payer leur alimentation un peu plus cher, je le dis également haut et fort – c'est d'ailleurs la tendance depuis trois ou quatre ans. Méfions-nous enfin de la différence entre la déclaration et le comportement. Il y a vingt ans, les Français juraient être prêts à payer leur alimentation plus cher si les produits venaient de France, s'ils étaient sûrs de la provenance, etc. C'était purement déclaratif, cela ne s'est pas vérifié dans le caddie ; c'est seulement depuis trois ou quatre ans que les prix ont cessé de baisser. Il faut aussi accompagner la mise en marché, donc les entreprises et les filières.

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