Je suis désolé, Monsieur le rapporteur : vous êtes nostalgique d'une agriculture qui n'a jamais existé. On voudrait revenir à l'agriculture de nos grands-pères : chez le mien, les cochons étaient enfermés dans la cave, à côté de la réserve à patates ! Les vaches passaient tout l'hiver entravées par des chaînes qui leur blessaient souvent le cou, et cela durait quatre ou cinq mois ; elles vivent maintenant dans des stabulations libres, où elles peuvent marcher, courir et aller vers leurs veaux, qui ne sont plus attachés derrière elles.
L'agriculture à laquelle vous souhaitez revenir, c'est aussi celle qui a usé mon père et mon grand-père. Les conditions étaient indignes également pour les hommes – j'ai sorti du fumier à la brouette, et je n'ai pas envie de le refaire. Et le bien-être animal n'y gagnait rien : ce n'est pas parce que les fermes n'avaient que trente vaches qu'elles s'y sentaient mieux que dans un cheptel de cent vaches aujourd'hui. « Small is beautiful », ce n'est pas du tout la réalité scientifique de l'élevage et de l'agriculture.
Nous avons fait confiance aux filières pour la loi ÉGALIM, et nous avons eu raison, puisqu'elles ont progressé. La surface nécessaire pour élever en plein air la totalité des porcs que nous consommons est de 500 000 hectares, soit l'équivalent d'un département français. Où les trouver alors que les surfaces agricoles sont rognées tous les ans à cause de l'urbanisation ?
Certaines de ces propositions sont totalement incohérentes, c'est pourquoi je souhaite la suppression de cet article 5.