Intervention de Cédric Villani

Réunion du jeudi 1er octobre 2020 à 15h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani, rapporteur :

Certes, les choses s'améliorent en France, mais s'agissant du partage de la valeur ajoutée, sur 100 euros dépensés dans le secteur agroalimentaire, seuls 6 ou 7 euros reviennent à l'agriculteur ou à l'éleveur. Les choses bougent peut-être, mais que c'est lent ! Dans ma circonscription, un éleveur de vaches depuis plusieurs générations m'a expliqué que le veau se vend toujours au même prix, mais que l'inflation est passée par là. La valeur faciale de l'acte reste la même, mais avec l'inflation, le revenu par acte a diminué. En conséquence, il faut augmenter la production, donc le nombre de bêtes, donc la densité.

Cette surproduction se retrouve dans d'autres secteurs de notre économie, elle nous renvoie par certains côtés à nos débats sur les néonicotinoïdes et la surproduction de betteraves sucrières. Nous ne pouvons évidemment pas dissocier ces questions du modèle économique ; mais vient un moment où il faut prendre les choses en main et voir plus grand.

Je vous invite à poser la question autour de vous, à propos des trois centimes par jour et par Français nécessaires pour améliorer les conditions d'élevage des porcs. Les investissements à faire semblent importants lorsque nous évoquons des milliards, mais il ne s'agit pas de changements à faire tous les deux ou trois ans : l'article principal de cette proposition de loi prévoit un délai de vingt ans. Pour la décarbonation, nous nous sommes fixé un objectif à plus de trente ans. Vingt ans, c'est une génération, nous nous fixons un objectif en tant que société pour que les choses aient radicalement changé au terme d'une génération, y compris le statut de l'agriculteur.

J'espère bien que la situation de nos agriculteurs et de nos éleveurs va s'améliorer radicalement, car nous avons besoin de bras dans l'élevage et dans l'agriculture. Cette profession souffre, elle n'a pas été gâtée au cours des dernières années et je n'ai pas l'impression qu'ÉGALIM ait été une révolution en la matière.

Monsieur Moreau, vous me parlez de la fragilité des lapins ; j'en sais quelque chose car j'ai eu mon petit élevage de lapins dans mon jardin à une certaine époque, pour ma consommation…

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