Cher collègue, je reconnais l'objectivité de votre rapport et sa clarté. Vous venez de nous expliquer que nous sommes dans une situation de catastrophe sans avoir les moyens de la conjurer. La libre circulation des hommes, des capitaux et des marchés, en Europe, nous empêche de nous opposer à cette situation, entretenue volontairement. J'en prendrai un exemple local, dans le bassin minier : Bridgestone. Comparaison vaut parfois raison… L'article 63 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne interdit de l'empêcher de vendre ses pneus en France ; et avec les subventions qui lui ont été accordées, Bridgestone a installé des usines technologiquement performantes en Pologne et en Hongrie, qui vont damer le pion au site français. C'est la catastrophe imminente sans les moyens de la conjurer, puisque c'était la dernière usine de reconversion dans le bassin minier.
Vous venez de nous expliquer que General Electric utilisait les subsides de l'État pour définir des plans de restructuration atelier par atelier, avant de décider de délocaliser telle ou telle fonction selon sa rentabilité. Mulliez a transféré tous ses services informatiques en Pologne : les salaires sont mis en concurrence directe au niveau européen. On est en train de vendre la France à la découpe. Il faut savoir que 46 % de nos industries sont dans des mains étrangères. Sans une stratégie ni un plan de relance avec des perspectives de développement, la situation deviendra rapidement critique. Preuve que nous ne sommes pas dans le coup : la dernière prix Nobel de chimie a dû s'exiler en Allemagne pour bénéficier des moyens nécessaires à ses recherches, que nous ne sommes pas foutus de lui donner en France.