Bien évidemment, le groupe MoDem est en phase avec une bonne part des propos tenus par le rapporteur et les orateurs précédents. Je ne peux qu'en approuver l'essentiel, tant sur le constat que sur l'avenir. Traditionnellement, notre pays pouvait s'enorgueillir d'attirer le plus grand nombre de visiteurs au monde. Les professionnels du tourisme, comme bien d'autres personnes vivant indirectement de ce secteur, sont en première ligne face à la crise sanitaire. La baisse globale d'activité liée à la crise du covid-19 est d'une ampleur inédite et ruine les objectifs quantitatifs annoncés ces dernières années : on attendait, en 2020, 94 millions de visiteurs étrangers et 60 Md€ de chiffre d'affaires. Pour 2020, l'Organisation mondiale du tourisme prévoit une contraction des arrivées internationales de 60 à 80 % et une chute de plus de 50 % du chiffre d'affaires – notre rapporteur a détaillé ces mauvais chiffres. L'inquiétude est légitime. Les pertes ne seront pas compensées par la clientèle domestique, malgré le bel et fructueux été. Le nombre de voyages réalisés par nos compatriotes en France devrait chuter de 41 %, tandis que la baisse de la fréquentation de l'hébergement marchand devrait diminuer de 63 % par rapport à 2018.
L'aide promotionnelle publique, dopée par les 5 M€ du plan tourisme, ne suffira pas à relancer, avant longtemps, l'économie touristique, qui est l'un des secteurs les plus affectés par la pandémie. Même si Atout France retrouvera en 2021 les crédits budgétaires de 2019, c'est d'abord la confiance qui donnera envie aux visiteurs de se rendre à nouveau dans notre pays. Maîtriser le virus et restaurer la confiance sont donc la priorité pour donner envie de voyager. L'accord obtenu hier, à la majorité des pays de l'Union européenne, pour coordonner les mesures de sécurité relatives aux déplacements intra-européens peut y contribuer.
Dans ce contexte, il me semble vain de s'étendre sur la réduction régulière des crédits attribués à ce secteur stratégique, qu'on a d'ailleurs du mal à retrouver dans les arcanes budgétaires. Je partage l'avis du rapporteur quant au peu de cas qui lui est réservé.
Il semble aussi nécessaire de distinguer la part des aléas conjoncturels des défauts structurels de développement d'un secteur dont les bons chiffres pouvaient masquer des failles, tant il était facile de se laisser porter par le charme naturel de notre pays et ses richesses patrimoniales. Il était d'autant plus tentant pour l'État d'encourager cette croissance, au demeurant excellente pour notre balance commerciale, qu'elle lui coûtait de moins en moins chaque année. La pandémie a mis en exergue ces failles. Avec M. Didier Martin, nous avions alerté, l'an dernier, dans le rapport de la mission d'information présidée par M. Vincent Rolland, sur les travers du tourisme quantitatif. Je souscris évidemment au constat que M. Martin vient de dresser. Le tourisme de masse, qui aboutit parfois au sur-tourisme, a vécu. La crise que nous n'avons pas fini de subir, y met, certes brutalement, un terme – presque salutaire, pourrais-je dire, si je voulais être provocatrice.
La France doit désormais miser sur une offre qualitative, de nature à répondre à une quête de sens. J'entends, par là, la mise en valeur du beau, du bon, du rare, mais aussi de l'art de vivre à la française, le tout dans une indispensable perspective de développement durable et de transition écologique. Il appartiendra au commissariat au plan, désormais réhabilité, de peaufiner cette vision prospective.
L'action n° 7 du programme 185 n'a certes rien de stimulant. Ce n'est pas sa vocation d'assurer cette mutation nécessaire. Je l'interprète sous l'angle vertueux de la maîtrise de la dépense publique et de la volonté de dépenser mieux plutôt que plus. Cette action traduit aussi le fait que l'industrie touristique doit se développer par elle-même. Ainsi, l'ambitieux plan de relance de 18 Md€ permettra à l'économie touristique d'entrer dans une nouvelle ère : celle d'un tourisme à l'impact environnemental limité, étalé sur les quatre saisons, qui répond aux aspirations des visiteurs français, invités à mieux connaître les pépites de leur pays, ou des visiteurs européens – à reconquérir, pour certains – en leur démontrant que la France sait accueillir. Pour cela, des investissements sont indispensables en matière d'infrastructures, d'équipements, d'hébergement et de formation. Un montant de 50 M€ sera réservé à la transition écologique, car il sera nécessaire d'accélérer, non seulement pour réchauffer les « lits froids » qui préoccupent, à juste titre, M. Vincent Rolland, mais aussi pour les isoler…
Les membres du groupe MoDem et apparentés souscrivent à la politique volontariste du Gouvernement – qui s'exprime, heureusement, au-delà de ces lignes budgétaires – et voteront pour les crédits de la mission « Action extérieure de l'État ».