Intervention de Damien Adam

Réunion du mardi 20 octobre 2020 à 18h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDamien Adam :

Notre commission est saisie pour avis du volet « industrie » de la mission « Économie ». Les crédits correspondants sont en hausse de 17 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2020. Cette augmentation s'explique notamment par la montée en puissance des moyens alloués à la compensation carbone en faveur des entreprises électro-intensives – papier, sidérurgie, chimie – exposées à un risque significatif de délocalisation.

Compte tenu du contexte particulier de cette année, je crois que la véritable question à se poser est de savoir si ce projet de loi de finances (PLF) permettra à notre industrie de traverser la crise et de rebondir. Pour répondre à la question, il est indispensable d'évoquer les mesures fortes de ce budget, notamment celles du plan de relance. Vous soulignez dans votre projet d'avis, Madame la rapporteure, que le plan de relance réintroduit, en réponse à la grave crise que notre pays traverse, diverses mesures de soutien massif à la compétitivité des entreprises françaises.

Quels sont les objectifs ? C'est d'abord la réindustrialisation, avec 1 milliard d'euros pour des appels à projets visant à encourager la relocalisation industrielle, à ouvrir de nouvelles chaînes de production, à innover, à numériser, à préserver l'emploi et à développer de nouvelles compétences. Chaque entreprise industrielle doit pouvoir y trouver de l'argent pour l'aider. Il s'agit aussi de financer l'industrie de demain, grâce au quatrième programme d'investissements d'avenir (PIA 4), et de défendre les secteurs prioritaires – automobiles, aéronautique, santé, agroalimentaire et électronique. S'agissant de la réduction des impôts de production, dont j'avais chaque année souligné la nécessité depuis 2017, je ne peux que me réjouir de la baisse pérenne, de 10 milliards d'euros par an, prévue dans le PLF pour 2021. Sans oublier, enfin, le renforcement de l'initiative Territoires d'industries, à hauteur de 400 millions d'euros, dont 150 millions dès 2020 pour des subventions destinées à des projets d'investissement.

Vous regrettez, Madame la rapporteure, les difficultés d'accès des PME à ces mesures. Ces entreprises sont, au contraire, le cœur de cible de la politique France Relance et, globalement, du rebond post-covid, dans le cadre de la baisse des impôts de production, du chômage partiel, des appels à projets ou encore des prêts garantis par l'État (PGE).

Le deuxième objectif est la décarbonation. Contrairement à une idée reçue, l'industrie est un des secteurs qui ont le plus baissé leurs émissions de gaz à effet de serre ces vingt dernières années, même si une partie de cette évolution est liée aux délocalisations, il faut le dire. L'industrie représente désormais seulement 20 % desdites émissions en France. Le PLF pour 2021 constitue un tournant en mettant des moyens inédits pour accélérer la décarbonation de ce secteur. Une enveloppe massive, de 1,2 milliard d'euros est prévue pour la période 2020‑2022.

L'industrie représente près de 14 % des emplois en France. Abandonnée depuis trente ans, elle doit être soutenue : soutenir un emploi industriel, c'est en réalité en soutenir trois, celui dans l'industrie et deux dans les services qui lui sont liés. C'est ce qui permettra à notre pays de sortir de la crise et du chômage. Les moyens sont là, à nous de les voter pour qu'ils puissent être utilisés et que la stratégie s'applique.

Je reviens sur ce que vous avez déclaré au sujet de l'aéronautique, Madame la rapporteure. Je ne sais pas si vous faites de la gymnastique, mais vous pratiquez, en tout cas, le grand écart : vous avez parlé de la problématique de l'emploi, qui existe effectivement dans ce secteur, mais vous avez semblé dire, en même temps, que ce même secteur devrait s'adapter à la transition écologique ; et votre mouvement politique répète à tout bout de champ que l'aéronautique ne peut pas rester sans rien faire… Doit-on sauver l'emploi, sauver la planète ? Faut-il une mise à jour dans ce secteur, pour qu'il aille vers l'hydrogène ? Vous devriez régler votre problème de grand écart : au bout d'un moment, cela commence à faire mal aux adducteurs (Sourires).

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