Intervention de Fabien Di Filippo

Réunion du mercredi 21 octobre 2020 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Di Filippo :

Cette mission n'est pas des plus évidentes à examiner car elle est transverse. Nous retrouvons les éléments sur l'état du commerce extérieur, en effet, dans au moins six missions. Le commerce extérieur est très important car, de notre balance commerciale dépend le niveau de vie des Français. Une économie française qui évoluerait vers l'autarcie serait encore plus paupérisée et, de fait, encore moins capable de supporter un modèle social de plus en plus coûteux. Tout est lié.

Nous avons constaté, depuis le quinquennat précédent, une perte de compétitivité de notre économie. Globalement, le déficit commercial a eu tendance à s'aggraver au cours de ce quinquennat. Il s'est nettement creusé en 2017 et 2018 pour avoisiner les 60 milliards d'euros. Il devrait se réduire en 2020 mais cette prévision n'est basée que sur des projections qui ne tiennent pas compte de l'effet récessif de la fin de l'année. Nous savons que notre économie est devenue, au sortir de la crise sanitaire, très dépendante des importations, en particulier chinoises. La stratégie de gestion du confinement, marquée par une mauvaise anticipation – l'affaire des masques en témoigne – aura eu des conséquences pour notre économie, notre capacité à exporter et, partant, notre balance commerciale. D'une certaine manière, la stratégie de gestion du commerce extérieur a été gadgétisée depuis 2017, avec la création d'agences surtout orientées vers le marketing, et le recyclage de crédits. Finalement, cette stratégie, quasiment illisible, est devenue, notamment dans les territoires éloignés des métropoles, celle de la débrouille à l'aide de réseaux, éventuellement personnels. Le Gouvernement est en partie responsable de cette situation puisqu'il a affaibli le réseau des chambres de commerce et d'industrie (CCI) qui, pourtant, fonctionnait très bien. Il faudrait y remédier.

Enfin, je voudrais dénoncer notre naïveté : tant que les échanges en restent au niveau du marché commun, l'Europe peut gérer la situation mais lorsqu'elle se trouve face à des pays comme la Chine ou les États-Unis, qui ont une conscience très aiguë de leurs intérêts et sont capables, en période de repli, de prendre des mesures drastiques, elle devient l' « idiote utile » du libre-échange et se plaît à croire qu'elle pourrait imposer son modèle au monde entier. Hélas, cette conception s'est retournée contre des pans entiers de notre économie.

Nous abordons par conséquent ce budget avec prudence, vigilance, une pointe de scepticisme à l'égard de la politique menée au début du quinquennat, alors que nous bénéficiions encore d'un contexte de reprise qui était porteur. Les mesures qui n'ont pas été prises à cette époque, mais que vous imposez aujourd'hui que l'endettement s'est aggravé, pèseront encore davantage, au cours des prochaines années, sur la compétitivité de nos entreprises.

Les nouvelles structures installées par la « start-up nation » pour aider certains secteurs de notre économie à trouver des marges de développement à l'étranger devront aussi tenir compte de la vieille économie, celle des territoires où nombre d'acteurs continuent, quoi qu'on en dise, à faire vivre notre pays.

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