Dans cette crise sanitaire et économique, les limites du modèle économique se révèlent jour après jour. Après des années à accompagner les délocalisations au nom de la compétitivité, la relocalisation de l'économie semble devenir prioritaire. La préparation de l'après-crise doit donc correspondre à celle de l'après‑capitalisme : nous ne pouvons continuer dans la course folle au profit. L'économie sociale et solidaire est un chemin intéressant pour avancer vers le monde de demain, dans le respect des hommes et de la planète. Elle permet de développer des emplois non délocalisables et qui ont du sens.
À l'heure où les plans de suppression d'emplois se succèdent à une vitesse effrénée, je voudrais vous faire une proposition : un droit de préemption des salariés, à l'instar de ce qui existe pour les locataires.
Concrètement, les salariés seraient prioritaires pour reprendre leur usine ou leur entreprise, sous forme de coopérative. Nous avons en tête l'exemple positif des ex-Fralib, qui, après 1 336 jours de grève, ont pu reprendre leur usine vouée à la fermeture, pour conserver un savoir-faire et des emplois. L'État pourrait être moteur dans ce type de projet, pour accompagner les salariés, pour accorder les fonds nécessaires – aussi utiles qu'aux plans de soutien aux grandes entreprises, dont les contreparties en termes d'emploi se font souvent attendre –, comme pour aider les tribunaux de commerce à prendre en compte l'intérêt de maintenir l'entreprise dans le territoire sous forme de SCOP dans l'étude des projets de reprise. Ce n'est pas le montant du chèque de reprise qui doit primer, mais bien l'intérêt du territoire et de l'emploi.