Intervention de Sébastien Jumel

Réunion du mercredi 25 novembre 2020 à 14h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Je suis né dans une zone d'éducation prioritaire d'une extrême pauvreté. Très tôt, j'ai compris, avant même de lire Pierre Bourdieu, que les chances de chacun diffèrent selon son patrimoine culturel, relationnel, social. D'ailleurs, la politique de la ville a été fondée sur ce constat, avec le souhait de renforcer les moyens déployés au profit des populations qui en ont le plus besoin.

En tant que maire, j'ai pu constater l'efficacité des contrats de ville de la première et de la deuxième génération et nous sommes aujourd'hui réunis pour évaluer les contrats d'avenir et les politiques de la ville pour le présent et le futur.

J'aurai plusieurs questions.

Vous avez reçu en délégation les 101 maires venus vous dire qu'ils souhaitent que la relance concerne d'abord les quartiers les plus précarisés, les plus paupérisés, ceux pour qui le chômage lié à la crise sanitaire a transformé cette dernière en crise sociale. Je m'interroge quant à la lisibilité de l'affectation du milliard d'euros promis : j'aimerais être certain que nous ne sommes pas en train de mobiliser des crédits de droit commun en les habillant du label « politique de la ville ». En somme, pouvez-vous nous préciser comment, en moyens sonnants et trébuchants, un milliard d'euros sera déployé dans les quartiers de la politique de la ville ?

Mon deuxième sujet de préoccupation, déjà évoqué par Mme Pinel, concerne le logement. La réforme de la loi Évolution du logement, de l'aménagement et du numérique (ELAN) a bousculé les bailleurs ayant une taille à dimension humaine. Or, je sais à quel point il est important de pouvoir compter sur un tel bailleur pour mener des opérations de renouvellement urbain qui prennent en compte la réalité concrète des quartiers de la politique de la ville et y associent les populations. Comment allez-vous accompagner et renforcer les bailleurs sociaux pour qu'ils n'abandonnent pas les quartiers de la politique de la ville ?

Enfin, il a été question des cités éducatives. Je ne mets pas en doute la bonne foi de la ministre, qui fait preuve d'une grande énergie, mais j'espère qu'elle viendra visiter les trois quartiers de la politique de la ville de Dieppe, où a été menée une opération ANRU 1 et pour lesquels nous mobilisons une opération ANRU 2. Je la recevrai quand elle le souhaitera. J'espère que les cités éducatives irrigueront l'ensemble du territoire, villes moyennes comprises, mais je veux l'interroger sur la réforme de l'éducation prioritaire. Le ministre a indiqué qu'il était nécessaire de remettre ce dispositif à plat pour prendre en compte la situation des territoires ruraux, dont les publics subissent un empêchement. Je partage cette préoccupation, mais quelles garanties avons-nous que vous ne déshabillerez pas Pierre pour habiller Paul ? Comment œuvrerons-nous pour que les écoles des zones urbaines sensibles soient, demain, prises en compte dans les réseaux d'éducation prioritaire ?

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