Vous dites que la République, c'est la vertu. En latin, virtus signifie « courage ». Cette interprétation permet de concilier appareil productif et vertu. Par ailleurs, fédérer ne veut pas dire imposer. Il faut proposer aux acteurs d'agir ensemble. La France étant ce qu'elle est, seule l'État est en mesure de le faire. En matière d'action publique, je ne fais pas de différence de fond entre l'État et les collectivités locales, mais je pense qu'il doit y avoir une capacité locale à fédérer. En Béarn, nous venons de constituer une entité pour les biocarburants de nouvelle génération, question particulièrement importante pour le secteur aéronautique. Nous n'en sommes pas encore au point de remplacer les carburants traditionnels, mais au moins pouvons-nous les rendre plus compatibles avec la lutte contre les gaz à effet de serre en y introduisant davantage de biocarburants. En se fédérant, toutes ces compétences peuvent porter un projet, que j'ai d'ailleurs défendu auprès du ministre de l'économie. L'initiative est locale, mais la clé est la capacité à fédérer.
Comment travaillerons-nous avec France Stratégie ? Le décret est parfaitement clair ; « Le Haut-Commissariat au Plan dispose de France Stratégie ». Je demanderai donc à cette institution des travaux précis, tout en lui laissant une capacité d'initiative.
La question de l'autonomie fiscale sera sans aucun doute centrale pour les collectivités locales. Pour autant, comme maire d'une ville qui est aussi la capitale d'une petite région, je suis très content que la taxe d'habitation ait été découplée, car les grands investissements étaient autrefois supportés par les villes centres pour des équipements – piscines, théâtres, stades, etc. – également utilisés par les communes immédiatement voisines. C'était donc une mesure de justice : il suffisait de bouger de cent mètres pour voir sa taxe d'habitation divisée par deux… Il faut inventer une meilleure répartition de la fiscalité. Tous ceux qui s'y sont risqués depuis des années savent que c'est loin d'être facile.
Madame Taurine, je suis d'accord avec vous sur plusieurs points, dont un en particulier : nous avons l'obligation de réfléchir aux impératifs de la psychiatrie. La crise sociale a des répercussions sur la vie intérieure et donc le psychisme de nos concitoyens. Tout le monde souligne l'augmentation du risque de dépression.
Par ailleurs, je mets beaucoup d'espoir dans le vaccin contre la covid, tout en rappelant deux impératifs avant sa généralisation : la vérification de son efficacité et celle de son innocuité. Même si ce vaccin fonctionne, qu'il s'agisse de celui de Pfizer ou de celui de Moderna, nous ne savons toujours pas quelle sera la durée de l'immunité créée, ni s'il empêchera la transmission du virus. Nous sommes dans l'expectative. Nous aurons des éléments de réponse rapidement, mais ils ne seront peut-être pas définitifs et ne susciteront pas nécessairement l'adhésion de la population.
L'épidémie repose la question de l'aménagement du territoire et d'une localisation différente des populations. Nombre de nos concitoyens, poussés par la nécessité ou par un désir personnel, familial ou professionnel, ont à l'idée de quitter les grandes zones urbaines. Alors que plusieurs régions avaient tendance à se désertifier, nous trouverons peut-être, grâce aux équipements numériques et à une répartition différente des services publics, l'équilibre du territoire recherché depuis longtemps. Et c'est là, Monsieur Bruneel, un élément très intéressant.
Enfin, nombre de jeunes ont le sentiment que le monde dans lequel nous les avons conduits ne répond plus aux difficultés et aux drames qu'ils sont en train de vivre. Ceux d'entre nous qui trouveront la réponse à cette question rendront un grand service à la société et au projet idéaliste que portent la République et la démocratie française.