Vous êtes le véritable Premier ministre. Il est donc compliqué de choisir des sujets à aborder avec vous ! J'en retiendrai trois. D'abord, le scandale du Luxembourg. Comment 15 000 de nos concitoyens peuvent-ils permettre à 4 % du PIB d'échapper à l'impôt ? Monsieur le ministre, monsieur le Premier ministre, mettrez-vous fin à ce scandale ?
Ensuite, l' Anschluss que représente l'offre inamicale de Veolia à l'égard de Suez. Comme gaulliste, vous réagissez. Mais laisserez-vous faire cet Anschluss inamical ? Quels leviers politiques et juridiques actionnerez-vous pour l'empêcher ?
Enfin, le projet Hercule. Vous savez à quel point le service public de l'énergie s'est fait dans le sang et les larmes de la Libération, dans la sève de la Résistance. Vous savez aussi que les gaullistes et les communistes ont considéré que ce bien commun devait faire l'objet d'un contrôle de la Nation. Comment, comme gaulliste, pouvez-vous laisser le marché s'emparer de ce bien commun ? Comment pouvez-vous laisser le fleuron industriel d'EDF se faire dépecer et voir son unicité mise en miettes – même si l'on nous rassure quant à son avenir intégré ? Pourquoi ne pas envisager de porter à l'échelle européenne l'idée d'un service d'intérêt général économique ? Cela grandirait la France. Pourquoi ne pas envisager de remettre en cause le virus inoculé à EDF par l'ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), en transformant ce groupe en établissement public industriel et commercial (EPIC) et en procédant à sa recapitalisation ? Cela permettrait à EDF de renouveler ses parcs, de moderniser son parc nucléaire et les carénages, mais aussi d'opérer la bifurcation écologique nécessaire.
Je pose ces trois questions au Premier ministre, pour un État stratège, qui protège et qui prend soin. En somme, un État qui se donne les moyens de sa politique.