Les amendements soulèvent en effet une question que j'ai évoquée à de nombreuses reprises avec les ministres de l'agriculture successifs. Tout le monde croit que le revenu agricole, qui est publié tous les ans, équivaut à la rémunération des agriculteurs. Ce n'est pas du tout vrai, puisqu'avant que l'agriculteur puisse se rémunérer, il doit d'abord rémunérer l'ensemble des facteurs de production. Comme il s'agit d'une activité très capitalistique, le banquier prend une large part du revenu dégagé. Il existe donc une sorte de fatalité chez les agriculteurs à ne se rémunérer qu'en bout de chaîne, quand tout le reste a été payé.
Cette logique atteint ses limites à travers deux phénomènes : d'une part, le phénomène sociétaire, qui conduit certaines exploitations à sortir progressivement du schéma de l'agriculture familiale traditionnelle pour prendre la forme de sociétés au sein desquelles on s'attribue un revenu ; d'autre part, la baisse continue du nombre d'agriculteurs et l'augmentation parallèle du nombre de salariés agricoles, comme en témoigne un récent article de La France agricole.
Il faudra bien que l'on se pose un jour la question de l'intégration de la masse salariale. Peut-être serait-il possible de le faire de façon forfaitaire ? C'est à voir. En revanche, je ne suis pas sûr que ces amendements soient mûrs pour être intégrés dans la proposition de loi.