Je voudrais appeler l'attention de chacun d'entre vous sur le paradoxe auquel est confrontée notre agriculture. Vous avez placé votre intervention, Monsieur le rapporteur pour avis, sous les maîtres-mots de souveraineté et de compétitivité. Or, en agriculture conventionnelle, on se trouve dans nombre de régions, dont celle qui m'est chère, confronté à des difficultés d'approvisionnement en engrais azotés, par exemple en ammonitrates, et en engrais complets. Il n'y a, à l'heure actuelle, aucune garantie pour les agriculteurs et les coopératives d'obtenir de tels produits en quantité suffisante et à des prix bas : ils passent commande sans même connaître cette variable essentielle. Vraisemblablement, cela a à voir avec la hausse du prix des énergies fossiles, mais il faut y être très attentif, car cela aura des répercussions sur le revenu.
Quant à ceux, nombreux, qui se sont engagés dans la voie d'une conversion à une agriculture plus respectueuse de l'environnement, notamment – mais pas seulement – à l'agriculture biologique, ils rencontrent des difficultés de commercialisation de leurs produits. Par exemple, on ne sait pas comment commercialiser les centaines de milliers d'hectolitres de lait labellisé bio.
D'autre part, FranceAgriMer a mis en place pour une filière agricole importante s'il en est, à savoir la filière bovine, et plus particulièrement celle des bovins allaitants, un dispositif permettant d'estomper les difficultés rencontrées lors la précédente campagne de commercialisation des jeunes bovins et broutards, en fixant un prix par animal pour la période de référence 2020, à condition de ne pas dépasser, au titre de 2020, 11 000 euros de revenus. On est là en train de traiter les agriculteurs, non comme des acteurs économiques, mais d'un point de vue social. C'est une faute qui aurait pu être corrigée dans l'exercice budgétaire.
Je surenchéris sur ce qui a été dit : la distribution des aides financières pour l'acquisition de matériel fait l'objet d'une véritable foire d'empoigne ; les premiers informés sont les premiers servis.
Enfin, le projet de loi de finances aurait pu être l'occasion d'apporter une solution aux importants problèmes, liés aux aléas climatiques, qui ont été rencontrés cette année, grâce par exemple à une réforme de l'assurance récolte. Je regrette que cela n'ait pas été évoqué.