Intervention de Julien Denormandie

Réunion du mercredi 26 janvier 2022 à 9h30
Commission des affaires économiques

Julien Denormandie, ministre :

Le débat suscite beaucoup d'interrogations, toutes aussi légitimes les unes que les autres. À ceux qui pensent que nous venons d'enclencher une dynamique contre la charcuterie, je répondrai qu'on aurait tort de reprocher au rapporteur de ne pas soutenir les produits des terroirs et de manquer d'amour pour l'alimentation qu'il a chevillé au corps depuis de très nombreuses années… Je dois ici saluer le travail des artisans, des charcutiers transformateurs, chacun des acteurs de cette filière, un fleuron français qui fait partie de notre identité.

Vous êtes plusieurs à avoir rappelé, comme M. Bothorel, les difficultés auxquelles doit faire face la production française. La meilleure façon de soutenir les éleveurs est de faire le choix du bleu, blanc, rouge et de la fabrication sur notre territoire. En aucun cas ce texte n'a pour objet de stigmatiser cette filière ; il vise, au contraire, à saluer le travail des charcutiers, producteurs et transformateurs et à les accompagner dans cette transition.

Nous devons avoir pour la France une ambition « nutritionnelle ». J'emploie à dessein ce terme – dont je regrette qu'il ne figure pas dans l'intitulé du ministère que j'ai l'honneur de diriger. Si nous voulons conduire des politiques publiques qui touchent nos citoyens, nous devons faire en sorte que la nutrition soit de très grande qualité, permise par une alimentation de très grande qualité, elle-même rendue possible par une agriculture de très grande qualité. L'un des drames de notre société, d'ailleurs, c'est que la valeur nutritionnelle, auprès de nos concitoyens, s'effrite progressivement.

Ce sujet ne doit pas être abordé uniquement sous l'angle de la production : il doit être traité aussi au niveau de la commercialisation. Sans cela, les importations viendront se substituer aux charcuteries françaises avec nitrites et une alimentation à deux vitesses s'instaurera. C'est le sens de certains amendements présentés par le Gouvernement.

Un large consensus semble se dégager sur la méthode que nous proposons. Je ne prétends pas, Monsieur Potier, avoir le monopole de la troisième voie mais vous me connaissez, je fonctionne ainsi depuis ma prise de fonctions. C'est un drame du débat public de ne pas prendre des décisions fondées sur la science et de ne pas lui accorder suffisamment la place qu'elle mérite. J'assume parfaitement de suivre une méthode qui ne préempte rien et permet d'avancer résolument sans éluder les enjeux. Nous avons la chance de disposer d'une institution, l'ANSES, créée en 2010. Utilisons-la !

Madame la ministre Batho, j'ai été profondément choqué par vos propos. Vous ne pouvez pas accuser le Gouvernement d'empêcher ceux qui le veulent d'avancer et de renvoyer à chaque fois vers l'ANSES. Vous ne pouvez pas davantage insinuer qu'il existerait des problèmes de déontologie au sein de l'ANSES.

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